Les secteurs de l'éducation et de la santé ont été les plus touchés par la grève menée hier par l'Intersyndicale à l'est du pays, même si là aussi le suivi a été mitigé. C'est le cas dans la plupart des wilayas où on a observé davantage d'adhésion dans le secteur de l'éducation. A Constantine, les militants et sympathisants de six syndicats, sur les 14 qui composent l'Intersyndicale à l'échelle nationale, ont tenu un rassemblement devant le cabinet du wali, encadrés par un dispositif sécuritaire imposant. On a relevé la présence des adhérents de l'Unpef, Cnapeste, Snapest, Satef, Snte pour le secteur de l'éducation et le Snpsp (Syndicat national des praticiens de santé publique) pour celui de la santé. Si les établissements scolaires du secondaire et du moyen étaient pratiquement déserts durant la journée d'hier, la grève dans le secteur de la santé a enregistré un taux de suivi appréciable, selon les chiffres avancés par le Dr Hocine Djeghim, président du bureau régional et vice-président du bureau national du Snpsp. «Nous avons enregistré un taux d'adhésion à cette grève estimé à 70% sur l'ensemble des hôpitaux et des structures de santé de la wilaya, notamment dans les secteurs de Constantine, El Khroub, Hamma Bouziane et Aïn Abid, avec un taux moyen de 55% au niveau de la région est», a noté le Dr Djeghim. Si dans ce mouvement de grève, chacun des syndicats participants avait ses propres revendications socioprofessionnelles, les membres de l'Intersyndicale ont tous convergé vers trois points essentiels, dont la défense des droits au libre exercice de l'activité syndicale, le droit de participer à la prise de décision dans l'élaboration du nouveau code du travail, conçu en marginalisant le partenaire social, selon les grévistes, et la dénonciation de la dégradation du pouvoir d'achat qui touche de plein fouet toutes les couches des travailleurs. Des réunions d'évaluation de cette grève sont prévues dans les prochains jours au niveau des bureaux nationaux et des bases de chaque syndicat, a-t-on appris, avant de programmer une nouvelle réunion du comité central de l'Intersyndicale pour décider des suites à donner à ce mouvement. A Biskra, ce sont des dizaines d'enseignants affiliés à l'Unpef qui se sont rassemblés sur la place de la Liberté du centre-ville, a-t-on constaté. Arborant affiches et banderoles, ces travailleurs dénoncent la situation «déplorable», estiment-ils, endurée par le front social, ainsi que la politique économique et sociale orientée vers le libéralisme économique «sauvage» et la privatisation des établissements publics, prônée par le gouvernement, «oubliant les sacrifices, acquis et droits des travailleurs», est-il indiqué dans un communiqué transmis à la presse. Ces syndicalistes s'élèvent aussi contre les obstructions à toutes les négociations sociales, le musellement des syndicalistes «opprimés» et contre la politique de répression des libertés syndicales. Plainte contre le gouvernement Une plainte contre le gouvernement, à qui les syndicats autonomes font endosser la responsabilité unilatérale de la détérioration de la situation sociale, sera envoyée incessamment au Bureau international du travail (BIT), a-t-on appris. Appelant l'Exécutif à cesser «sa fuite en avant» et à ouvrir les portes du dialogue sur les dossiers de la retraite, du code du travail et du pouvoir d'achat, les manifestants ont exprimé leur soutien «indéfectible et inconditionnel» aux syndicalistes du SNAP et du CNES limogés à cause de leurs activités syndicales. A noter que 80% des établissements scolaires de la wilaya de Biskra ont été paralysés par cette grève, qui s'ajoute à celle des syndicalistes du Cnapeste qui ont entamé leur mouvement depuis le 30 janvier. L'appel à la grève, lancé par la coordination des syndicats autonomes, a été diversement suivi à Skikda. Si les travailleurs du secteur de l'éducation ont plus ou moins répondu présent, surtout ceux du cycle secondaire, ceux relevant des secteurs de la santé et de l'administration auront été les grands absents. Ceci s'est d'ailleurs vérifié lors du sit-in tenu dans la matinée d'hier devant le siège de la wilaya où le nombre des représentants de l'éducation était beaucoup plus important que celui des deux autres secteurs cités. Au sujet du taux de suivi enregistré dans le secteur de l'éducation, un représentant du Cnapeste rapporte qu'il a été assez important en précisant que le débrayage a concerné plus de 75% des lycées de la wilaya, près de 35% des CEM, alors que pour le primaire, il s'élevait à près de 40%. Ces chiffres n'ont pas tardé à faire réagir la direction de l'éducation qui, dans un communiqué de presse, estime le taux de suivi dans le secteur à seulement 8,53%. Idem à Jijel où la grève n'a pas atteint l'ampleur souhaitée par ses initiateurs. Seul le secteur de l'éducation a enregistré un suivi du mot d'ordre et dans une proportion minime. On relève des informations contradictoires, selon la source proche de l'administration, où l'on avance un taux de 4,34% de suivi, ou bien du côté de l'Unpef qui soutient une adhésion de plus de 60%. A noter une faible participation au chef-lieu de wilaya. Par ailleurs, un sit-in a été organisé hier matin devant le siège de la wilaya par une cinquantaine de grévistes, et une plateforme de revendications a été déposée. A l'image des autres wilayas, le mouvement de grève décrété par le Cnapeste s'effrite au fil des jours à Souk Ahras, avec le retour massif des enseignants du secondaire.