La mobilisation était au rendez-vous, particulièrement dans l'éducation. D'autres secteurs n'ont pas réussi le pari. Les syndicats autonomes entendent, cependant, garder le cap en multipliant des rassemblements au niveau des régions et à Alger le jour du vote du projet de loi sur la retraite. L'appel à la grève a été largement suivi, hier, à Tizi Ouzou. Selon Habib Merzouk, responsable du syndicat Satef dans la wilaya, un taux de suivi de 68% a été enregistré dans le secteur de l'éducation. Un taux quasi similaire a été également avancé par le syndicat Unpef, qui est de 70%, selon son coordinateur de wilaya, Larbi Aït Gherbi. Ce premier jour de grève a été marqué par un rassemblement de protestation devant le siège de la wilaya. Le taux de suivi le plus élevé a été enregistré dans le secteur de la santé, 85%, selon les syndicalistes. Selon des sources syndicales, les travailleurs des communes ont également suivi massivement l'appel à la grève. La grève des travailleurs communaux a été décidée en dehors de celle de l'intersyndicale. Dans les communes, le syndicat a appelé à une grève de cinq jours, précisent nos sources. À Bouira, les représentants de l'intersyndicale ont organisé un sit-in devant le siège de la wilaya, dans le but de dire "halte" au projet de loi sur la retraite. Une loi qualifiée de "mascarade" par les syndicalistes. Pour M. Benyoucef, coordinateur du Cnapeste, "ce projet de loi est une honte pour le gouvernement de Sellal. Nous refusons catégoriquement d'abdiquer devant le passage en force du gouvernement et son mépris vis-à-vis des travailleurs", a-t-il indiqué lors de sa prise de parole devant le parvis de la wilaya. Pour le représentant de l'Unpef, l'argument du gouvernement sur la CNR est "une vaste supercherie". L'orateur s'est également interrogé sur le rôle de l'UGTA et le "favoritisme" dont elle jouit auprès de l'Exécutif."Si les syndicats autonomes ne sont pas associés à l'élaboration des projets de loi, pourquoi l'UGTA l'est-elle ? Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?". Le délégué syndical du Snapap indiquera que les 6 communes de la daïra de M'chedellah étaient paralysées à 100%, tout en invitant les autres travailleurs communaux à rejoindre le mouvement. Ces trois syndicats annoncent un taux de suivi moyen de 60% dans le secteur de l'éducation, alors que les services de l'académie de Bouira affirment qu'il est de 23%. Le mouvement de grève n'a été suivi, à Béjaïa, que dans l'éducation et la formation professionnelle. La grève a été marquée, en ce premier jour, par un rassemblement devant le siège de la wilaya. Cinq syndicats de ces deux secteurs, le Cnapest, le CLA, le SNTE, l'Unpef et le SNTFP, ont répondu massivement à l'appel de l'intersyndicale. En effet, ils étaient des centaines de travailleurs à observer un rassemblement devant le siège de la wilaya. "Non au code du travail de la honte", "non à la suppression de la retraite anticipée et le départ à la retraite sans condition d'âge", "pour la protection du pouvoir d'achat" et "pour l'association des syndicats autonomes dans l'élaboration du nouveau code du travail" sont les principales revendications inscrites sur des banderoles brandies lors de leur rassemblement d'hier matin. Après que le secrétaire général de wilaya de l'Unpef, M. Saadi, a lu la déclaration nationale de l'intersyndicale, c'était au tour des différents responsables des autres syndicats de se relayer ensuite au micro pour haranguer les manifestants. "Il n'y a pas de différends entre les syndicats autonomes", rassure Idir Achour. Aussi, a-t-il appelé les députés à ne pas voter le projet de loi. Pour le coordinateur du Cnapest, M. Slimane Zenati, la balle est dans le camp du gouvernement. "Nous sommes pour des négociations transparentes pour sauvegarder nos acquis sociaux", a-t-il souligné avant de défier le gouvernement "d'organiser un audit sur la CNR". "Plus de 75% ont suivi le mot d'ordre de grève dans l'éducation", nous a-t-il déclaré en aparté. Les autres cadres syndicaux de l'Unpef et du SNTE, ont abondé dans le même sens que leurs prédécesseurs, avant de se donner rendez-vous pour les rassemblements régionaux devant les sièges des wilayas de Sétif, d'Oran, de Laghouat et de Boumerdès, demain, et au rassemblement national devant le siège de l'APN, le 27 de ce mois. À Blida, plus de 170 manifestants représentant quatre syndicats, le Cnapest, le SNPSP, l'Unpef et le Satef, ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour exprimer leur refus du projet de la loi sur la retraite et la défense du pouvoir d'achat. Les représentants de l'intersyndicale ont rencontré le chef de cabinet du wali pour lui transmettre la plateforme de revendications dans laquelle ils exigent le maintient de la retraite anticipée et proportionnelle. Ils ont estimé le taux de suivi à 65% et qui sera plus important demain, lors des rassemblements régionaux. Sit-in et grèves à l'Ouest Dans la wilaya d'Oran, des dizaines de travailleurs, exerçant essentiellement dans le secteur de l'éducation, ont observé un sit-in, hier matin, devant le siège de la wilaya. Pour les représentants du Snapest et du CLA, la mobilisation est satisfaisante atteignant 80, voire 100% de suivi dans les établissements où les syndicats sont majoritaires. Les lycées Lotfi, Castor, Mustapha-Hadem, Zitoun, par exemple, ont enregistré un taux de suivi entre 60 et 100%, affirment les délégués syndicaux. Le secteur de la santé n'a pas connu de mobilisation, a-t-on signalé. À Mascara, les enseignants ont également observé un sit-in devant le siège de la direction de l'éducation. En effet, ils étaient des centaines à répondre aux invitations de l'Unpef, du Cnapest, du Snapest et du CLA. À Béchar, la grève a été partiellement suivie, selon la direction de l'éducation qui avance un taux de 0,23%, pour les corps communs et 6,10%, pour les enseignants. En revanche, les syndicats de l'éducation ont annoncé un taux de suivi plus élevé. Aussi, une trentaine de syndicalistes ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya. La mobilisation a été importante à Aïn Témouchent où des centaines de travailleurs de l'éducation se sont retrouvés devant le siège de la wilaya où ils ont déposé un communiqué de l'intersyndicale daté du 21 novembre. Selon le représentant de l'Unpef, ce bras de fer ne concerne nullement le ministère de l'Education mais il est destiné à tout le gouvernement qui doit assumer l'entière responsabilité face à sa politique de l'autruche. À Chlef, la mobilisation atteint, selon des sources syndicales, un taux de 53%. Mais selon des sources de la direction de l'éducation, le taux en question n'a pas atteint les 23%. Pour les syndicats que nous avons rencontrés devant le siège de la wilaya, le mouvement de protestation est appelé à se renouveler dans les prochaines semaines "et ce, jusqu'à satisfaction de toutes nos revendications". De même à Tiaret où la grève a été mitigée au premier jour, seul le secteur de l'éducation nationale s'est démarqué en observant un sit-in devant le siège de la wilaya où environ 400 fonctionnaires, affiliés à l'Unpef et au Cnapeste, ont répondu à l'appel de ce mouvement. Selon la cellule de communication de cette direction, le taux de participation n'a pas dépassé 3,81%. Un chiffre démenti par les représentants de l'Unpef qui ont avancé un taux de participation de 65%. Du côté du Cnapeste, on évoque une soixantaine d'établissements touchés par ce mouvement. Suivi mitigé à l'Est Environ 200 personnes ont observé, hier matin, un sit-in devant le siège de la wilaya d'Annaba. Présent sur les lieux aux côtés de ses collègues, Kheireddine Bouakira, le délégué Cnapest, nous dira : "Nous poursuivrons notre mouvement, de même que nous multiplierons les sit-in partout où nous pourrons, jusque devant le siège du gouvernement, s'il le faut, pour faire revenir celui-ci sur sa décision de nous priver du droit à la retraite anticipée". Il affirme que le mouvement a été très suivi au niveau des établissements scolaires d'Annaba, où l'on aurait enregistré un taux de suivi de 50% dans le primaire, 65% dans les collèges et 75% dans le secondaire. Dans la wilaya de Constantine, le mouvement a été observé uniquement dans l'éducation avec un taux de suivi variant, selon le représentant du Cnapest, entre 65% et 75%. Par ailleurs, les grévistes ont tenu un sit-in devant le cabinet du wali. À Guelma, les établissements scolaires n'ont pas été paralysés hier, lundi, par la grève. À titre indicatif, les collèges, fief de l'Unpest, n'ont été que partiellement affectés par la grève. Au chef-lieu de wilaya, les lycées Benmahmoud, 1er-Novembre, Abdelhak-Benhamouda, Chaâlel-Messaoud ont enregistré quelques absences de professeurs et les lycéens ont pu regagner leurs classes. Les écoles primaires ont, dans leur majorité, fonctionné normalement. Contacté en début d'après-midi, le coordinateur de l'Unpef n'a pas été en mesure de nous communiquer un taux de suivi de cette grève. Un responsable de la direction de l'éducation minimise le taux de suivi et souligne que la situation est normale dans l'ensemble des établissements. À Sétif, au moment où les syndicats annoncent un taux de suivi de plus de 75%, selon les syndicats, la direction de l'éducation avance un taux de 5,26%. Enfin, le taux de suivi de la grève à Bordj Bou-Arréridj a été estimé à environ 90% dans l'éducation, selon le représentant du Cnapest. De nos correspondants et bureaux