Le téléprédicateur égyptien, Amr Khaled, sait plaire. Sa page Facebook officielle est très suivie : plus de 29 millions d'abonnés. Ses fans algériens sont aussi très nombreux : plus de 5 millions, si l'on en croit une étude rendue publique par Interface Media sur l'influence des contenus religieux sur Faccebook. Natif d'Alexandrie en 1967, Amr Khaled obtient un diplôme en comptabilité de l'université du Caire, avant de suivre un rapide cursus en sciences islamiques. Proche à ses débuts de la confrérie des Frères musulmans, le jeune Amr commence par écumer les mosquées, avant de débuter ses prêches télévisés, à partir de 1998, sur la chaîne Iqraa. Le succès est immédiat. Surtout au niveau des couches populaires séduites par un langage simple qui fait oublier les circonlocutions de ses prédécesseurs. Mais le téléprédicateur n'a pas que des admirateurs ; des cheikhs de la célèbre mosquée-université d'Al Azhar, surpris par la nouvelle figure du «dai» décontracté, ont critiqué sa méthode. A cela s'ajoutent des pressions des autorités de son pays, qui finiront pas convaincre la vedette cathodique montante de s'exiler en Grande-Bretagne. Le sourire aux lèvres, la mise parfaite que lui envierait le plus futé des télévangélistes, le prédicateur musulman lance plusieurs émissions à succès : Les bâtisseurs de la vie ; Sur les pas de notre bien-aimé ; En ton nom, Seigneur, nous vivons… La percée des réseaux sociaux aura été cet autre filon exploité par le «mouslih». Tous les sujets ou presque sont traités. La dernière publication sur la page, consultée en fin d'après-midi, est une vidéo de l'ancien grand mufti d'Egypte, Ali Gomaa, sur le «marché des fatwas». Vu, hier, quelque 8000 fois, en quelques minutes, le message est vite liké, commenté, partagé... Le prédicateur, qui apparaît dans un décor sobre, s'intéresse aux questions de la vie, comme le régime alimentaire à adopter durant l'hiver, les conflits dans le couple, la somniloquie, ou encore les découvertes de la Nasa sur le trou noir. Simplifiés, les sujets sont agréablement présentés, avec toujours une référence obligée au Coran et aux dits et faits du Prophète. Amr Khaled est venu en Algérie, début février 2009, à l'invitation de la succursale locale de son association, Sonaa El Hayat, soutenue par le quotidien arabophone Echourouk, signale le journaliste freelance Mohamed Hadji, qui l'a rencontré à deux reprises. «La conférence s'est tenue à l'hôtel El Aurassi devant une salle où il n'y avait pas grand monde. Le sujet était des généralités», raconte Hadji, qui s'étonne que le «dai» se soit confiné dans l'hôtel des Tagarins. Pour le collaborateur d'Al Hayat, qui lui a consacré un article critique, les suiveurs en Algérie de la vedette égyptienne appartiennent en grande majorité à la mouvance des «ikhwan» (Frères musulmans), qui ont chanté ses louanges, avant de découvrir sa «duplicité» et son soutien affiché au régime du maréchal AlSissi. Le prédicateur, qui a visité l'Algérie à la veille du match historique qualificatif pour la Coupe du monde 2010, a appelé au calme, contrairement à d'autres vedettes télévisuelles de son pays.