Si certains tendent à croire que seul l'islam traditionnel pourrait être un rempart contre le développement de la doctrine wahhabite, les constats opérés sur le terrain démontrent à quel point l'islam de nos ancêtres est disqualifié aux yeux des fidèles de la génération 2.0. Le fait est que la nouvelle génération de fidèles surfe sur le Net pour muscler sa foi. Les chouyoukh du Net y gagnent ainsi en notoriété, concurrençant l'imam du quartier. Dans une récente étude du Crasc sur «la religiosité des jeunes Algériens, et sur les 109 personnalités supposées être influentes dans le domaine de la religion, les étrangers cités représentent 22% contre 9,8% pour les nationaux. Très souvent, les fatwas du monde intime et ce qui est de l'ordre du privé sont prononcées par un imam établi à des milliers de kilomètres. Cheikh Chamsedine Officiant sur la chaîne Ennahar Tv dans son émission «Insahouni» (Conseillez-moi), cheikh Chamsedine Bouroubi (Chamso ou Chmissou pour les intimes) bat tous les records d'audience. Longue barbe et personnalité atypique, il étonne par les réponses teintées d'humour. Il a surtout un avis sur tout : le fait de manger des glaces dans la rue, la volonté de se marier avec un Indien, le fait de publier les photos des repas sur Facebook, ou même le fait de se soulager d'une envie pressante sur les bords des routes. L'imam belcourtois, qui reste dans l'orthodoxie malékite, reste très rigoriste, décochant des flèches envers les femmes, ses cibles privilégiées. Cheikh Qaradaoui Le prédicateur vedette de la chaîne Al Jazeera a toujours le vent en poupe. Représentant de la salafya prédicative (ou scientifique), un courant dit «médian» (salafya wasatya) vise l'islamisation de la société via la purification de la religion des innovations. Il défend une vision apolitique et non violente de l'islam et viendra à la rescousse de l'Arabie Saoudite après les événements du 11 septembre 2001. Mohamed Hassan Mohamed Hassan, de son nom complet Mohammed ben Ibrahim ben Ibrahim Al-Hassan est un Cheikh et prédicateur égyptien, ayant fait ses classes en Arabie Saoudite, son discours est basé sur les constances du wahhabisme saoudien. Il arrive en troisième position des imams les plus suivis par les jeunes Algériens, selon une récente étude du Crasc.
Amr Khaled C'est l'un des premiers à avoir utilisé le ton et le style des télé-évangélistes. Amr Khaled, star des prédicateurs musulmans, a le sens de l'élégance et du one man show, rompant ainsi avec les prédicateurs classiques (exit les prédicateurs d'Al Azhar qui, eux, s'astreignent à une tenue vestimentaire traditionnelle, à une langue conventionnelle surannée), et pulvérisant au passage les records d'audience dans tous les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Il trouve une oreille attentive auprès d'un public qui semble avoir besoin d'une religiosité qui ne l'empêche pas de jouir des bienfaits de la vie. Cheikh Abou abdessalam Il figure parmi les cheikhs cités en référence, selon la récente étude su Crasc traitant de la «religiosité chez les jeunes Algériens». Cheikh Abou Abdessalam, de son vrai nom Djaâfar Oulfaki, n'est pas nouveau sur la scène du prêche médiatique. Ayant occupé des postes de responsabilité au sein du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, il incarne, dit-on, l'orthodoxie malékite dans toute sa rigueur. Pour lui, la femme ne doit pas serrer la main d'un homme s'il n'est pas de sa famille, elle doit obéissance à son mari quoi qu'il arrive et se doit de porter un hidjab strict.