Comment avez-vous découvert Histoire de ma vie ? Je suis une grande amatrice de la littérature maghrébine et cela fait presque dix ans que je traduis des romans d'auteurs berbères et, inévitablement, on tombe agréablement sur cet ouvrage un jour ou l'autre. Qu'est-ce qui vous a motivée pour traduire cette autobiographie ? Histoire de ma vie nous montre la vraie vie quotidienne d'une femme en Kabylie, mais aussi à Tunis et en France, pendant la période coloniale. C'est un document unique et incroyablement riche en détails, qui reflète toute une époque historique. De plus, l'auteure fait partie d'une famille importante pour la culture berbère. C'était tout simplement un ajout parfait à notre collection Bibliothèque berbère. Y a-t-il eu des difficultés particulières pour traduire un récit à forte charge culturelle et qui rend compte d'un patrimoine berbère qui vous est étranger ? Tous les romans que j'ai traduits pour la Bibliothèque berbère ont eu leurs particularités, souvent liées à la culture amazighe, que j'ai appris à connaître de mieux en mieux au fil du temps. Même si tout au début je n'étais pas ignorante non plus, on se prépare à ce genre de travail, et ce, avec passion ! De plus, j'ai un grand réseau de spécialistes aux Pays-Bas, en France et dans le Maghreb, que je peux consulter. Comment a été accueilli votre travail par la critique néerlandaise ? Les traductions ont été très bien reçues. J'ai eu un prix prestigieux pour les deux premières : Légende et vie d'Agoun'chich, de Mohammed Khaïr-Eddine et Les chercheurs d'os, de Tahar Djaout. Personnellement, je suis surtout très fière de la traduction de Nedjma, de Kateb Yacine, qui a été un vrai défi. Mais je pense que j'ai réussi. Les critiques dans les journaux ont été enthousiastes et tous les romans dans la série ont été mentionnés dans la presse. Malheureusement, cela ne veut pas toujours dire que les gens achètent aussi... Toutefois, le fait que ces traductions soient là, et pour toujours, a beaucoup plus d'importance pour moi que les ventes. Maintenant que vous maîtrisez parfaitement le contenu d'Histoire de ma vie, qu'est-ce que vous inspire la vie de Fadhma Amrouche ? Ce qui m'est surtout resté dans l'esprit est l'incroyable dureté de sa vie : les enfants morts, les maladies, le peu de nourriture, le froid, le travail dur du matin au soir, etc. Et elle ne se plaint jamais. Je me suis sentie très gâtée, et dans ce sens-là, le livre m'a surtout permis d'être plus reconnaissante de tout ce que j'ai. L'histoire de Fadhma m'a beaucoup touchée, jusqu'aux larmes, pour être honnête. Quel sera le prochain roman maghrébin que vous comptez traduire ? Histoire de ma vie est ma dernière traduction pour la Bibliothèque berbère. Nous avons voulu en faire une série de dix titres, et on les a. Il est peut-être temps pour moi de me lancer dans la littérature contemporaine du Maghreb. Vous avez un titre en tête ? Non, pas encore.