De «très hauts responsables du pays» auraient donné des garanties au syndicat. Le Cnapeste a gelé sa grève illimitée enclenchée depuis le 30 janvier à l'échelle nationale et depuis la fin du mois de novembre dans les wilayas de Blida et Béjaïa. Cette décision a été prise à l'issue de la session extraordinaire du conseil national du syndicat, dont les travaux ont commencé lundi et se sont terminés tard dans la soirée de mardi. Dans le communiqué du syndicat sanctionnant les travaux de cette session, un appel est lancé aux enseignants grévistes de rejoindre leur poste aujourd'hui, jeudi. La décision du Cnapeste de suspendre son mouvement est-elle une surprise ? L'ampleur prise par le mouvement de protestation et la position du ministère, qui conditionne tout dialogue par la suspension de la grève, laissent présager que le Cnapeste s'est lancé dans la radicalisation de son mouvement de protestation. Les slogans relayés par ses adhérents étaient unanimes quant à la volonté de poursuivre la grève. M. Boudiba souligne, dans une déclaration à l'issue du conseil, que cette décision de gel de la grève est prise «alors que le Cnapeste est en position de force» pour «éviter tout débordement pouvant découler du refus des lycéens de rejoindre les bancs des établissements et dont les conséquences seront ingérables». Cette décision s'explique également par l'intervention de «hauts responsables de l'Etat qui ont donné des garanties au Cnapeste pour la prise en charge des revendications». Le même représentant syndical revient sur «la mauvaise gestion» de la crise par le ministère. Pour lui, tout en démentant que le syndicat a revendiqué le départ de Nouria Benghabrit, il appelle «les plus hautes autorités à chercher des responsables capables de gérer les crises et les conflits collectifs». Pour le Cnapeste, les sanctions décrétées par le ministère et soutenues par plusieurs parties, dont des parlementaires, ont créé «la division» parmi les fonctionnaires du secteur avec l'implication des directeurs des établissements dans l'application des décisions de radiation et le remplacement des enseignants ainsi que les ponctions sur salaires. Les vacances maintenues Le conseil national a été caractérisé par «un débat sérieux» concernant l'issue du mouvement de protestation, souligne un délégué d'une wilaya de l'est du pays ayant participé aux débats. «L'avancée réalisée grâce à la grève n'a pas été le seul déterminant pour notre décision. Les tractations informelles avec des représentants du ministère ont pesé sur l'issue du conflit», nous révèle le même représentant syndical ayant participé à l'événement. Pour nous, «c'est le dénouement qu'on souhaitait, notamment les répercussions des sanctions et le risque pouvant découler de la sortie des élèves dans la rue». Selon ce syndicaliste, 88 participants ont voté pour le gel de la grève contre 36 qui se sont exprimés pour le maintien du débrayage. 146 délégués ont pris part aux travaux sur les 156 membres qu'il compte. Selon le Cnapeste, 12 000 décisions de radiation ont été formulées dans 25 wilayas sur les 50 000 enseignants qui ont fait grève. Les revendications du Cnapeste concernent l'application du procès-verbal du 19 mars 2015, dont les dispositions sont liées à la retraite, à la réévaluation de la prime de zone, la médecine du travail ainsi que la concrétisation des décisions signées par les directions de l'éducation de Blida, Ghardaïa et Skikda. Le ministère assure pour sa part que le calendrier des vacances est maintenu. Les vacances de printemps débuteront le 15 mars et s'achèveront le 1er avril. «Les établissements scolaires seront ouverts pour assurer les cours de soutien pour les élèves qui le désirent. Aussi, rassure le ministère dans un communiqué diffusé avant-hier. Les sujets des examens ne concerneront que les cours réellement dispensés en classe.»