Cette situation de grève par solidarité a été constatée dans plusieurs lycées de la capitale. Les enseignants qui ont exprimé leur soutien avec les radiés redoutent une situation de pourrissement «qui pénalisera toute la communauté éducative». La crise se corse dans le secteur de l'éducation. Un arrêt de travail a été constaté hier dans plusieurs établissements scolaires du secondaire. Des enseignants ont fait grève par solidarité avec leurs collègues radiés. «Je ne peux pas cautionner le licenciement de mes collègues qui comptent plus de 20 ans de service, pour motif de grève», souligne une enseignante de mathématiques au lycée Ibn El Khettab, à Alger, ayant rejoint la grève hier «par solidarité avec mes collègues radiés». Les élèves de certains lycées d'Alger ont observé, hier, des sit-in devant leurs établissements pour demander au ministère de l'Education nationale de revenir sur sa décision de révocation des enseignants grévistes, a-t-on constaté à travers une tournée dans la wilaya. Ceux de Kouba et Birkhadem, ont par ailleurs organisé des sit-in de protestation contre la révocation de leurs enseignants grévistes et leur remplacement par des enseignants vacataires. Cette situation de grève par solidarité a été constatée également au lycée Idrissi et celui des Frères Hamia, dans la capitale. Les enseignants qui ont exprimé leur solidarité avec les radiés redoutent une situation de pourrissement «qui pénalisera toute la communauté éducative». Les parents d'élèves expriment des inquiétudes concernant la transformation de «cet élan de solidarité avec les enseignants en appel au raccourcissement du programme et au refus du plan de rattrapage». Le mouvement de solidarité avec les grévistes «est une réaction spontanée», soutient Meziane Meriane, qui estime que cette situation «était prévisible dès l'annonce des sanctions contre les grévistes». «Nous avons soumis nos appréhensions lors de notre dernière réunion avec la ministre, mais elles n'ont pas été prises en compte avec l'annonce des radiations et les ponctions sur salaires. Nous avons parlé d'une situation qui échapperait aux états-majors des syndicats», rappelle le même syndicaliste. Le Cnapeste, qui a maintenu hier son appel à la grève, a convoqué une session extraordinaire de son conseil national «seul habilité à se prononcer concernant la poursuite ou non de la grève». Le ministère de l'Education renouvelle, par le biais de sa cellule de communication, son appel au dialogue à l'adresse du Cnapeste, lui proposant de geler d'une semaine sa grève et de s'asseoir à la table des négociations. Le directeur de l'enseignement secondaire au ministère de l'Education nationale, Abed Atoui, cité par l'APS, a imputé ces sit-in observés par les élèves à «la pression qu'ils subissent suite à la grève de leurs enseignants», faisant état d'«une absence d'accompagnement de la part des parents et des enseignants». A ce propos, M. Atoui a rappelé les assurances fournies, la semaine dernière, par la ministre de l'Education nationale, qui a affirmé que «toutes les dispositions ont été prises afin de garantir la scolarité des élèves et l'achèvement du programme de l'année scolaire dans les meilleures conditions possibles afin de réaliser le principe d'équité pour tous». Pour rappel, la grève du Cnapeste a débuté le 27 novembre dernier à Blida et Béjaïa pour des revendications liées à l'application des procès-verbaux signés entre le Cnapeste et les directions de l'éducation. Ces procès-verbaux ont été qualifiés de «non réglementaires» par le ministère. Le Cnapeste appelle à une grève nationale illimitée à partir du 30 janvier. Les pourparlers entre le syndicat et le ministère ont cessé le 29 janvier, les deux parties campant sur leurs positions.