L'export pourrait être une solution à l'industrie du ciment, une filière sérieusement menacée par les excédents de production. A la condition toutefois d'y travailler. Les responsables de LafargeHolcim Algérie en sont convaincus. Ils reconnaissent volontiers que la filière, dont la production atteindrait 40,6 millions de tonnes à l'horizon 2020 (prévisions du ministère de l'Industrie et des Mines), est challengée sur sa rentabilité et sa compétitivité. Seul l'export pourrait offrir un débouché à cette surproduction. Mais à quel coût ? Et pour quel marché ? LafargeHolcim Algérie mise sur l'export pour préparer ses investissements futurs. Dit autrement, l'évolution du parc installé, sa rentabilité et les débouchés de sa production, dès lors que, dès 2020, si les excédents ne trouvent pas de marchés, ils s'érigeront en réelle menace. Les opérateurs en sont peu conscients. L'équation économique ne sera ainsi nullement simple. D'autant plus que les capacités actuelles de production tournent déjà autour de 20 millions de tonnes en moyenne, ce qui correspond déjà à une couverture optimale des besoins nationaux. Chez LafargeHolcim Algérie, différents modèles économiques étaient à l'étude et quatre relais de croissance à court et à moyen termes sont désormais identifiés. L'export en est un. Il est d'autant plus nécessaire qu'il est susceptible de contribuer à créer un hub à l'export. Sauf qu'à l'international, le marché se rétrécit comme peau de chagrin et nombre d'opérateurs risquent d'y être évincés, faute de compétitivité. LafargeHolcim Algérie compte s'appuyer sur la filiale Trading de la maison mère pour se frayer un chemin à l'international. Elle avait identifié des opportunités en Afrique de l'Ouest, un marché à destination duquel deux cargaisons de moyen tonnage ont été acheminées, en attendant une troisième prévue en avril prochain. L'Afrique de l'Ouest représente un marché de 15 millions de tonnes/an. LafargeHolcim Algérie compte y pourvoir à hauteur de 5 millions de tonnes/an dès 2020, soit un tiers des besoins de la région. La filiale algérienne du géant mondial de l'industrie du ciment y travaille. Elle investit actuellement dans un shiploader (chargeur de navires) au port d'Oran, dont la mise en service est prévue fin 2018. Un moyen logistique qui devrait réduire considérablement les coûts du transport et les délais de livraison, a-t-on appris auprès des responsables de l'entreprise, lors d'une conférence tenue jeudi à Alger. Des relais de croissance… La question de l'export mérite toutefois plus qu'un débat de stratégie au sein d'une entreprise. Que l'on soit pour que les entreprises s'orientent vers l'export est une chose, que l'Etat soit un acteur opérationnel et actif en est une autre. Les faits sont têtus : le pays est toujours en attente d'une stratégie nationale de l'export, ciblant notamment le marché africain, absence d'accord commerciaux avec les espaces économiques, réglementation bancaire contraignante, accompagnement financier, couverture d'assurance à l'international et moyens logistiques quasi inexistants, etc. Nonobstant ces carences, LafargeHolcim Algérie veut faire de l'export un important relais de croissance. Le cimentier est entré en négociations avec d'autres clients africains. Les discussions pourraient déboucher sur des contrats de plusieurs centaines de milliers de tonnes. Vendre du ciment hors de nos frontières est une ambition écrite désormais au crayon-feutre dans la stratégie commerciale de LafargeHolcim Algérie. La solution Ardia 600 pourrait aussi être une source de croissance, mais reste tributaire d'une réécriture des textes, étant donné que les cahiers des charges appliqués aux entreprises de travaux publics n'incluent pas cette solution. Pourtant, construire des routes en béton permet à terme de réduire les coûts de 50% et les délais de 40%. La solution Ardia 600 permet également une bonne durabilité des projets de routes, une économie circulaire et une réduction sensible des risques. Au-delà de ces deux métiers qui sont dans l'ADN même de LafargeHolcim, ses cimenteries algériennes disposent d'une expertise incomparable pour valoriser les déchets. Geocycle, qui dépend du groupe LafargeHolcim, offre un large éventail de services de traitement des déchets. Les fours à ciment de LafargeHolcim Algérie, chauffés à 1500°, seront ainsi proposés pour l'incinération et la valorisation de tous genres de déchets. Le lancement de cette activité interviendrait courant avril de cette année. Pour ainsi dire, les industries de LafargeHolcim en Algérie disposent de la maîtrise de l'ensemble de la chaîne, allant de la production du ciment, des plâtres et mortiers, à la fabrication des sacs pour emballage de ses produits, en comprenant leur commercialisation à travers les magasins Batistore, ainsi que la valorisation des déchets en cimenterie. C'est cette expertise qui permet à LafargeHolcim Algérie de pérenniser sa compétitivité dans un marché qui est passé d'une situation de déficit à celle de l'excédent.