Implanté dans un important coin du centre de la ville de Sétif, le cimetière Sidi Saïd, n'accueillant plus de morts depuis 1975, fait pitié. Délaissé, ce lieu de sépulture où reposent de milliers de Sétifiens de différentes générations, est livré aux oisifs et aux désœuvrés qui en font une beuverie, un lieu de débauche et de consommation de drogue. Les incivilités des zombies ont fait de Sidi Saïd, où sont enterrées dans deux fosses communes des dizaines de victimes des massacres du 8 Mai 1945 et de nombreux martyrs de la guerre de Libération nationale, une décharge publique. Ne datant pas d'hier, la triste et révoltante situation, qui n'offusque plus personne, perdure depuis de longues années. Les élus qui se sont succédé à la tête de la municipalité de Sétif n'ont pas jugé utile de prendre soin de Sidi Saïd, l'autre mémoire des Sétifiens. Cette indifférence fait sans doute mal aux résidents incommodés dans leur sommeil. Invités lors des célébrations du 8 Mai à déposer une gerbe de fleurs aux endroits où sont enterrées les victimes du mardi noir, les autorités locales, à leur tête le wali, sont «bluffées» par un honteux maquillage. En s'engouffrant un peu plus dans le lieu, on est vite frappé par le foisonnement des herbes sauvages masquant les tombes qui résistent aux effets du temps et aux mains dévastatrices des profanateurs. Jonchant le sol, des canettes, des bouteilles de bière, et divers autres ordures et déchets empoisonnent la vie (et la mort) dans ce cimetière. En ruine depuis longtemps, une partie d'un mur de clôture attend une hypothétique réhabilitation. N'ayant aucun respect pour les morts, les riverains et autres passants font de l'endroit une décharge. La situation du cimetière juif, mitoyen avec le musulman, est à la fois déplorable et scandaleuse. Les tombes sont démolies et saccagées. D'autres sont tout simplement profanées. La situation du lieu est catastrophique. Rencontrés dans les parages, des citoyens s'indignent et s'offusquent : «La préservation de la maison éternelle du musulman, du chrétien et du juif est l'affaire de tout un chacun, les autorités en premier lieu. Les responsables n'ont pas le droit de fermer l'œil et de laisser faire cette faune de voyous et délinquants qui osent perturber les morts dans leur sommeil. On ne doit pas passer sous silence le saccage du cimetière de Sidi Saïd où reposent des Sétifiens de différentes confessions. Un musulman n'admet pas de telles pratiques. Les autorités à différents niveaux sont interpellées pour mettre un terme à cette sauvagerie ne disant pas son nom.» Alertés, les responsables de la commune de Sétif doivent impérativement réagir.