Que ce soit à la direction de l'éducation ou dans les établissements scolaires, le ton est le même quand il s'agit d'évoquer le rôle des parents d'élèves dans la scolarité de leurs enfants. Certains parlent d'une «démission totale», d'autres évoquent un désintérêt flagrant des parents qui ne s'intéressent à leurs enfants qu'à l'occasion d'une circonstance bien particulière. Celle où leurs enfants échouent. «Y en a pas, makanch !», a été la réponse d'un responsable à la direction de l'éducation quand nous lui avons posé la question sur le nombre d'associations de parents d'élèves activant dans le secteur. «Makanch» est le terme franc et bien choisi pour signifier que rares sont les parents d'élèves qui se sont intéressés à la création d'une association pour suivre la scolarité de leurs enfants. «Les parents d'élèves ne se manifestent que lorsque leurs enfants passent au rattrapage, redoublent l'année ou sont expulsés», affirment des inspecteurs, des directeurs, et bien entendu des enseignants que nous avons approchés à ce sujet. «Et ils ne viennent que pour solliciter la réadmission de l'élève ou sa réintégration lorsqu'il redouble ou s'il est expulsé». Le comble, martèle-t-on, est que certains parents ne rendent visite à l'établissement où leurs enfants sont scolarisés qu'au début de l'année pour percevoir… les 3000 DA de la prime de scolarité ! «Juste après, on ne les revoit plus», s'indigne-t-on. Ces propos sont d'ailleurs vérifiables sur le terrain, où seulement 52 associations de parents d'élèves sont actuellement actives d'un point de vue légal pour un nombre total de 535 établissements scolaires à Jijel (382 écoles primaires, 110 CEM et 43 lycées). Si à la DRAG on recense plus de 400 associations qui ont été créées par le passé, seulement 52 ont répondu à l'exigence de la mise en conformité avec la nouvelle loi sur les associations, votée en janvier 2012. A titre comparatif avec le secteur des affaires religieuses, où l'on recense 416 associations activant dans les mosquées, 299 se sont mises en conformité avec cette loi. Les établissements scolaires peuvent encore attendre une hypothétique prise de conscience des parents pour manifester le même engouement pour la scolarité de leurs enfants. D'ici là, il y a lieu de rappeler cette histoire authentique, survenue dans un lycée, où le proviseur a pris le soin d'adresser des sollicitations écrites aux parents pour la création d'une association au sein de son établissement. Sur un nombre de plus de 1200 élèves inscrits dans cet établissement, seulement 4 ou 5 parents se sont manifestés ! A la deuxième tentative du proviseur, qui n'a pas été découragé par cette démission, il y a eu…10 présences, soit le minimum pour la création de l'association, qui a enfin pu être mise sur rails.