Les praticiens du théâtre de marionnettes désespèrent. Leur art, qui n'avait pour visibilité que l'unique lucarne que lui offrait son modeste Festival national de Aïn Témouchent, ne semble pas être à l'ordre du jour. Les alertes des troupes, qui se sont activement préparées pour la prochaine édition, se multiplient. Sachant que le festival était devenu biannuel, elles avaient accepté cette nouvelle périodicité. Mais, aujourd'hui, elles ne comprennent pas que leur unique manifestation nationale soit apparemment passée à la trappe. Pourtant, le théâtre de marionnettes algérien, qui avait failli complètement disparaître durant la décennie noire, connaissait grâce au festival, une véritable évolution. La discipline commençait même à échapper à l'archaïsme et à l'infantilisation du public juvénile, pour produire des créations thématiquement et artistiquement plus riches et plus élaborées. Le petit monde du théâtre de marionnettes avait même eu l'illusion d'espérer un festival international pour se frotter à d'autres expériences dans le monde. La déception est d'autant plus profonde qu'une manifestation de ce type est sans doute la moins budgétivore. C'est la deuxième année que le FNTP n'a pas eu lieu, alors qu'il était programmé par ses organisateurs pour mars dernier, selon ce qui était convenu avec le ministère de la Culture. Jusqu'à présent, aucune nouvelle n'est parvenue pour expliquer cet état de fait et rassurer tous les artistes qui se démènent pour un art conçu pour un public bien plus nombreux que celui de tous les autres arts de la scène.