Les échecs retentissants enregistrés dans tous les secteurs d'activité n'ont pas dissuadé les dignitaires du régime à dresser le bilan des deux dernières décennies de gouvernance. Si le recours à la planche à billets traduit le sinistre économique, sur le plan politique, c'est la prédominance du FLN, legs de tous les Algériens, qui signe l'essoufflement de l'expérience démocratique et pluraliste née de la révolte d'Octobre 1988. Les déclarations en cours du secrétaire général de l'ex-parti unique au sujet des perspectives politiques du pays sont autant de motifs de désespérance pour une opinion publique qui envisage l'avenir autrement que par un retour au passé. Les retombées de la crise économique doublée de celle politique deviennent de plus en plus pesantes pour l'ensemble de la population. Il ne suffit plus de subir les effets de l'austérité budgétaire, mais il faut également essuyer les éclats de voix d'un personnel pourtant physiologiquement et historiquement dépassé par le cours des événements. Avec la dernière énergie, le système politique est en train de se mouvoir dans les points cardinaux du pays pour accabler les citoyens de révélations qui ont cessé d'être extravagantes pour devenir exaspérantes. A partir de Tamanrasset, hier, l'actuel patron du FLN mais néanmoins la cible d'une partie de son comité central, déclarait, selon les sites d'information, que «le président Bouteflika ne se précipite pas dans la prise de ses décisions. Il prend en considération le contexte, le climat, les circonstances avant de trancher en dernier ressort». Le discours tenu par la périphérie du pouvoir est à ce point décomposé qu'il s'agit à présent de tenir en haleine l'opinion publique au sujet d'une perspective politique qui n'est pas ardemment souhaitée à travers de larges pans de la population, notamment les jeunes avides de se mettre au service de leur pays. A un moment où c'est le sort du FLN, devenu un appareil lourd à porter pour ses propres cadres, qui doit être discuté, le suspense est entretenu sur la possibilité de continuer à exercer le pouvoir alors que le diagnostic politique est tranché par la population. La saturation du débat public par le parti le moins apte à relever les défis à venir n'est pas le seul signe de la déliquescence de la vie politique nationale. Des membres de l'Exécutif, dont certains avaient affiché de vraies aptitudes à gérer les affaires du pays, sont en train de se dévitaliser dans ce climat douteux de préparation à une succession. Les stratégies gouvernementales, dont la plus fameuse est l'industrie automobile, sont mises en pièces par le commun des citoyens, qui, lorsqu'il agit sur internet, est plus efficient que les partis de l'opposition, selon des études commandées par des institutions. Si le but recherché dans la formulation d'un bilan du pouvoir est de construire un meilleur destin pour le pays, le suffrage universel reste le moyen le plus moderne pour mesurer l'impact de la gestion passée et définir un nouveau projet de société et le programme y afférent. A la seule condition de la mise en place d'une instance indépendante d'organisation des élections.