Ce n'est pas la première fois que le premier ministre britannique, dont le pays a une responsabilité historique sur la question, s'exprime sur le conflit du Proche-Orient, et à son point central, le volet palestinien. Mais encore une fois, surtout après ce qui s'est dit dans le fameux rapport de la Commission Baker sur l'Irak, favorablement accueilli par Tony Blair, l'on attendait un passage aux actes. Cela a commencé par la tournée proche-orientale du Premier ministre britannique Tony Blair qui a apporté, lundi, un soutien sans faille au président palestinien Mahmoud Abbas, et annoncé une prochaine « initiative » pour débloquer le processus de paix. M. Blair, qui a rencontré M. Abbas à Ramallah, lui a rendu un hommage appuyé pour sa « modération », sa « tolérance » et son adhésion « à la vision de deux Etats », Israël et la Palestine, coexistant en paix. « Il est important, après votre discours, que la communauté internationale mobilise ses efforts pour soutenir les vôtres en tant que président et soutenir le peuple palestinien », a déclaré M. Blair à la presse, deux jours après la décision de M. Abbas d'appeler à des élections anticipées faute d'entente avec le Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle le gouvernement depuis mars. « Nous nous tenons prêts à faire tout ce qui est en notre capacité pour vous donner les moyens de réaliser ce que vous souhaitez pour votre peuple », a ajouté M. Blair en qualifiant le discours de M. Abbas, samedi, de « tournant ». La situation étant connue, que propose de faire M. Blair qui a annoncé son intention d'élaborer une « initiative » pour soutenir les Palestiniens et favoriser des progrès en vue d'une solution à deux Etats ? Jusque-là, rappelle-t-on, l'initiative avait été laissée aux Etats-unis, et Israël s'est toujours permis de ne prendre que ce qui l'arrange, excluant toute paix réelle avec les Palestiniens. A vrai dire, la question n'a pas besoin d'un nouveau départ, mais d'une prise en main vigoureuse et sincère. « J'espère que nous serons en position dans les prochaines semaines d'élaborer une initiative qui nous permette de soutenir tout particulièrement le développement et la reconstruction, qui allège la souffrance et l'épreuve du peuple palestinien », a-t-il dit. Il est « crucial », a poursuivi M. Blair, que cette initiative « nous donne un cadre dans lequel nous pourrons progresser vers une solution à deux Etats », prévue par la « Feuille de route », le dernier plan de paix international resté lettre morte depuis son lancement à l'été 2003. Au demeurant, personne n'ignore l'origine du blocage de ce plan et même l'identité de celui qui l'a tué après avoir réécrit ses principales clauses comme l'arrêt de la violence et de la colonisation. Un haut responsable palestinien parlant sous couvert d'anonymat a affirmé que l'« initiative » annoncée par M. Blair était élaborée en concertation avec Washington et devrait être dévoilée par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice lors de sa visite attendue dans la région début 2007. « Il s'agira d'une initiative importante élaborée aussi en concertation avec certains pays de la région », a affirmé le responsable. Une telle initiative serait-elle liée avec la crise actuelle dans les territoires palestiniens, puisqu'il pourrait s'agir de lever d'éventuels obstacles ? Les Palestiniens eux-mêmes semblent dans l'expectative.