Le président Bouteflika a vertement critiqué, hier, les comportements nationaux en tous genres. Il reproche aux citoyens leur inaction et le manque d'initiative dans tous les domaines. « Je suis désolé de le dire, le peuple algérien n'est pas sur la bonne voie, notamment en matière de sécurité publique », a-t-il tonné lors d'un discours prononcé à l'ouverture des assises de l'architecture, hier, à l'hôtel El Aurassi, à Alger. Le chef de l'Etat n'apprécie nullement le fait que des vols soient commis dans les rues d'Alger ou d'ailleurs sans qu'aucun citoyen ne réagisse. « La sécurité publique est aussi l'affaire du peuple », a-t-il clamé. Il estime que malgré les efforts consentis par les services de sécurité, les choses n'évolueront pas sans la mobilisation du peuple. « Il faut qu'il (le peuple) agisse pour changer les choses et améliorer son quotidien », a-t-il appelé, ajoutant que l'Etat, à lui seul, n'y peut rien. Outre l'aspect sécuritaire, le chef de l'Etat n'a pas manqué d'afficher sa tristesse de voir les villes algériennes dénudées de tout aspect architectural et créatif. « J'ai honte, en tant qu'Algérien, de la saleté de nos villes et villages », a-t-il lâché devant une assistance composée notamment de 36 experts en architecture et en urbanisme venus de l'étranger. Là aussi, il n'a pas ménagé les Algériens qui devraient, selon lui, contribuer activement à redonner un beau visage aux villes et villages. Pour lui, la dégradation des villes a atteint un stade où l'on ne fait plus la différence entre une zone urbaine et une zone rurale. Il estime que l'exode rural massif après l'indépendance y est pour beaucoup. « Les gens de la campagne sont venus en ville ramenant avec eux leur culture qui est également la nôtre, mais la zone rurale est une chose et la zone urbaine autre chose », a-t-il martelé, invitant le peuple à faire preuve de civisme. Poursuivant son constat critique, le premier magistrat du pays a déclaré qu'il ne veut plus voir de cités-dortoirs. Pour ce faire, il a vivement appelé les architectes à jouer pleinement leur « rôle fondamental dans la rupture avec les réalisations sommaires du passé ». Le président Bouteflika a souhaité que ces assises de l'architecture précisent « les conditions de la libération des capacités créatives des architectes et esquisser des perspectives concrètes de développement de la qualité de la production architecturale ». Il a ainsi invité la famille des architectes à agir de telle sorte à rompre avec « les approches inadaptées et dangereusement perverses », mais aussi de « se mettre progressivement en phase avec tout ce qu'impliquent aujourd'hui notre condition collective et les attentes individuelles légitimes ». Pour atteindre ces objectifs, le Président a demandé aux architectes de « revisiter les dispositions et les instruments qui encadrent et organisent le développement et la gestion du cadre urbain afin de les conformer à ces exigences ». Par ailleurs, les assises de l'architecture se tiennent à l'initiative du conseil national de l'ordre national des architectes algériens. Les participants auront à dégager, aujourd'hui, des recommandations et des propositions de nature à améliorer la situation peu reluisante dans laquelle se trouve notre cadre bâti.