La villa Abdeltif sera transformée en centre d'archives et de documentation des arts plastiques. C'est ce qu'a annoncé le responsable du patrimoine au niveau de la direction de la culture de la wilaya, Farid Fettouche. Ce dernier a indiqué que les travaux de restauration, repris en 2005, sont réalisés à 60%. Le coût de la première phase est estimé, affirme-t-on, à 30 millions de dinars. Nichée au milieu d'une végétation luxuriante et surplombant le musée des beaux-arts, la villa Abdeltif, jadis maison des artistes, souffre d'une dégradation de sa bâtisse générée par la négligence de l'homme conjuguée à l'inertie des autorités et l'usure du temps, et ce, depuis l'Indépendance, où elle a commencé à se détériorer. Défrayant la chronique à plusieurs reprises, par le passé, quant à l'état d'abandon dans lequel elle se trouve, la villa Abdeltif capte de nouveau le regard non sans compresser le cœur. Il y a quelques années, à travers un documentaire, le réalisateur Malek Sahraoui tirait la sonnette d'alarme sur la dégradation du site. Son travelling balayait, non sans un pincement au cœur, la décrépitude de ce joyau, squatté jusqu'en 2002 par 14 familles. Depuis, les pouvoirs publics ont décidé de prendre à bras-le-corps ce joyau architectural, classé, faut-il le rappeler, monument historique depuis 1922. Il est un lieu porteur de mémoire, au regard de sa dimension culturelle et historique. La villa Abdeltif est la sœur jumelle de la villa Médicis et de la villa Velasquez en Espagne, prestigieux réceptacles des artistes du XVIe siècle. Cette somptueuse bâtisse qui fut la propriété de Ali Agha, puis de l'agha Hadj Mohamed Khodja, a été achetée par Abdeltif qui lui annexa un jardin mitoyen à la fin du XVIIIe siècle. En 1834, le propriétaire fut exproprié par l'administration française. A partir de 1907, les premiers pensionnaires de la villa Abdeltif, sculpteurs et graveurs de la Métropole, dont les plus marquants comme Paul Jouve, Léon Cauvy, Pierre Poisson, Jacques Simon, Léon Carré, Charles Dufresnes et autres Henri Vilain, Marius de Buzon et Darrieu pour ne citer que ceux-là, y avaient élu domicile. Les réserves du musée des beaux-arts conservent plus de 700 tableaux peints par les pensionnaires de la villa. Dire l'importance de ce pan d'histoire picturale qui marqua la période allant de 1906 à 1954 où plusieurs peintres français remportèrent de leur séjour algérien une somme de découvertes qu'ils n'ont pu oublier. Aussi, la villa Abdeltif reçut souvent des personnalités du monde des arts et des lettres tels Georges Duhamel, André Maurois, Le Corbusier, André Lhote et Karl Marx qui y passa un séjour alors qu'il était malade. Espérons que ce merveilleux site de rayonnement, source d'inspiration, d'art et de culture retrouvera son lustre ? Enfin, soulignons que la wilaya d'Alger compte des dizaines de palais de type néo-mauresque édifiés à l'époque coloniale. Parmi eux, certains ont fait l'objet d'étude et de travaux d'urgence, à l'image de Dar Djenane Lakhdar, la villa Mahieddine, Djenane Raïs Hamidou (dite villa du Traité à El Biar), le fort de Bordj El Kiffan, le palais Rahat Eddey (Bologhine), le palais Hussein Dey et le palais Boulkine (daïra de Hussein Dey).