Changement n Hormis les opérations de restauration des édifices publics et des mosquées, la Casbah a été gérée comme un quartier urbain par la wilaya d'Alger qui vient de confier le "cadeau empoisonné" à la direction de la culture. Le fait est plus que surprenant : la direction de la culture d'Alger a hérité du dossier de la Casbah officiellement depuis décembre 2007. "Depuis le 5 décembre 2007", précise Farid Fettouche, chef de service du patrimoine à la même direction. La goutte qui a fait déborder le vase ? A cette date, un mur s'est effondré, causant la mort de deux enfants. Cet accident tragique avait provoqué la colère des habitants. Elle avait provoqué aussi la colère du wali d'Alger. Mohamed-Kébir Addou a ainsi signé, selon M. Fettouche, un arrêté suivant lequel la cellule fonctionnelle de réhabilitation, de sauvegarde et de gestion urbaine de la Casbah a été déchargée de sa mission au profit de la direction de la culture. Auparavant, la direction s'occupait des monuments situés dans la périphérie de la ville. "Jugez-moi uniquement sur ce qui a été fait depuis décembre 2007", déclare M. Fettouche pour se démarquer de la gestion antérieure du dossier. Une gestion qu'il qualifie de "catastrophique". Depuis la fin de l'année dernière, ce n'est donc plus la wilaya qui gère le plan permanent de sauvegarde du site, mais le ministère de la Culture. Après sa prise de fonction, la direction a lancé des études pour identifier les travaux à effectuer en urgence. Ces travaux avaient déjà été préconisés, en 2001, par le Centre national d'études et recherche appliquée en urbanisme (Cneru) à l'occasion de l'élaboration d'un plan permanent de sauvegarde. Sept ans plus tard, les travaux dits "urgents" sont encore au stade de l'"identification approfondie", dont les études marquent déjà un début de retard. Même le plan permanent de sauvegarde a été soumis à une "mise en conformité" – sur le plan administratif et juridique – dès janvier 2007. Financée par la wilaya, cette révision devait se terminer dans un délai de 10 mois. Fin mars 2008, le bureau d'études y travaille toujours. Où en est-on avec la réhabilitation du site ? "On est toujours au stade de l'administratif", relève, à juste titre, le secrétaire général de la Fondation Casbah, M. Ammour. Pourquoi tout ce retard ? Sans remonter loin dans le temps, il faut retenir une date : le 23 février 1998. C'est ce jour-là qu'a commencé le plan d'évacuation de la vieille ville sous l'égide du gouverneur Chérif Rahmani (actuellement ministre chargé de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme). Le plan a été gelé après le départ de M. Rahmani, en 1999. Entre-temps, il y a eu la publication de la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine. Une loi restée sans textes d'application jusqu'en 2003. C'est pour cette raison que le plan permanent de sauvegarde, élaboré en 2001 a nécessité une "mise en conformité". Le réexamen du plan a été imposé aussi par l'élargissement du secteur sauvegardé qui touche actuellement trois communes : la Casbah, Alger-Centre et Oued Koreiche. Hormis la restauration de quelques palais et mosquées, tout reste à faire à la Casbah. "Personne ne peut fixer une échéance pour la restauration du site", affirme, convaincu, M. Fettouche. La directrice de la culture, Mme Sator, elle, en a avancé une : dans trois ans à partir de cette année.