Une réunion présidée par le colonel Ahmed Benchérif a eu lieu à Alger le 20 décembre 2006 et a porté sur la question des faux maquisards, a-t-on appris auprès de l'officier supérieur de l'ALN et ancien commandant en chef de la Gendarmerie nationale. La rencontre, qui a duré toute la journée de mercredi, a vu la participation de « quelques historiques » de la lutte armée et Benyoucef Mellouk, l'ancien fonctionnaire du ministère de la Justice, qui a révélé, en 1992, le dossier des « magistrats faussaires ». « Nous avons discuté très longuement de ce dossier non sans rendre hommage à Benyoucef Mellouk, un homme qui veut du bien à son pays », nous a déclaré Ahmed Benchérif, joint hier par téléphone. L'ancien compagnon de Houari Boumediène et membre du Conseil de la révolution nous a également fait part de sa disponibilité à impliquer les « compagnons d'armes » dans le combat. « Un combat qui ne doit pas se limiter à débusquer les faux moudjahidine, mais qui s'étendra à lutter contre tous les maux qui gangrènent le pays, notamment la corruption », a-t-il ajouté. Rappelons qu'un groupe d'anciens responsables de la révolution, parmi eux Ahmed Benchérif et Mustahpha Abid, avait pris récemment attache avec Benyoucef Mellouk, et ce, par l'intermédiaire d'un fils de chahid. « J'ai reçu deux hommes pendant plus de 4 heures chez moi à Blida. Nous avons passé en revue le dossier concernant les faux moudjahidine. Au cours de l'entrevue, ils ont pu voir les documents que je détiens à mon niveau », a révélé l'ancien fonctionnaire du ministère de la Justice. Selon Benyoucef Mellouk, l'émissaire avait évoqué la volonté des « Historiques » de l'ALN de nettoyer les rangs des moudjahidine qui ont été souillés, rappelle-t-il, par l'intrusion de faux combattants. « Ils sont sur le point de créer un cadre pour pouvoir travailler en toute légalité. Ils m'ont demandé de les rejoindre. J'ai dit oui, car il est question de composer avec des responsables de la révolution auxquels je voue un grand respect », avait-t-il ajouté. Ahmed Benchérif, l'hôte de la réunion de mercredi, nous a affirmé qu'une copie du dossier lui a été transmise par Benyoucef Mellouk. « Je ne fais confiance qu'à Abdelaziz Bouteflika », a tenu à souligner l'homme qui a créé le corps de la Gendarmerie nationale, en 1962. Licencié de son poste de chef de service du contentieux au ministère de la Justice, Mellouk fera deux fois de la prison pour avoir osé dénoncer les faussaires. Aujourd'hui, il affirme détenir 132 dossiers qui concernent des « magistrats faussaires » ainsi qu'une liste de 328 noms dont les dossiers ont disparu, « bien que j'en ai fait part, en 1992, au juge d'instruction de la cour d'Alger », souligne-t-il. En 2004, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, a reconnu l'existence de 10 000 faux maquisards. Un chiffre révélé pour la première fois par un officiel même s'il semblait « dérisoire », selon les observateurs.