La bourgade de Kheireddine, 14 km à l'Est de Mostaganem, était connue pour le calme légendaire qui y régnait. Ce territoire de coteaux escarpés continue de produire du raisin d'excellente facture. Sa population essentiellement de souche rurale vivait en parfaite harmonie jusqu'à l'érection de cette commune en chef-lieu de daïra. Mais cette apparente promotion ne fera pas que des heureux. Un saut vers l'inconnu. Les rares avantages qui devraient découler de cette émancipation se feront attendre. Il est vrai que dans un premier temps, pour les habitants des douars environnants, le fait de se faire délivrer localement une carte d'identité et un passeport suffisait à leur bonheur. Très rapidement, ce sentiment de plénitude s'estompera. Le progrès attendu ne sera pas au rendez-vous. Car pour toutes les autres formalités administratives, le déplacement à Aïn Tédelès demeurait la règle. En effet, pour payer sa facture d'eau ou d'électricité, pour retirer un relevé des émoluments ou un extrait de casier judiciaire, pour s'acquitter de sa facture téléphonique ou faire une réclamation, le passage par Aïn Tédelès devenait incontournable. Mais le plus étonnant dans cette situation qui perdure depuis 10 ans c'est l'absence d'une sûreté de daïra comme l'exige le nouveau découpage. En effet, malgré la proximité du chef-lieu de wilaya, la daïra de Kheireddine est la seule à ne pas disposer d'un commissariat de police à l'instar des 9 autres daïras. Une situation des plus anormale qui fera bien évidemment le bonheur de certains. Poursuivis sans relâche par la police, une faune de délinquants s'en ira trouver refuge dans cette cité paisible. Mais rapidement, ce repli tactique se transformera en vols et rapines de tous genres. Les habitants qui avaient pris l'habitude de vaquer à leurs occupations sans se soucier de la sécurité de leurs biens, seront les premiers à payer le prix de leur insouciance. Depuis la fin du Ramadhan, plusieurs larcins seront signalés par ci par là. Les victimes iront déposer plainte, mais les interpellations ne suivront pas. C'est ainsi qu'un groupe composé de 2 à 3 personnes aura opéré en plein jour et à un mois d'intervalle. Profitant de l'absence par nécessité professionnelle de l'ensemble des membres d'une famille, ils entreront par effraction dans leur domicile pour dérober argent et bijoux. Le choix de l'heure (11 heures) et des victimes (famille de fonctionnaires) met en évidence de troublantes similitudes. Les citoyens commencent à prendre conscience que le ver est dans le fruit. Ils sont nombreux à se demander pourquoi à Kheireddine on persiste à ne pas céder à la police nationale l'ancienne annexe administrative, afin d'y installer une sûreté de daïra ? Une perspective inéluctable qui permettrait de ramener un peu de quiétude à cette population désemparée.