Selon certains bien-pensants, Alger ravit la vedette à Naples en matière de propreté. Elle est plus propre, claironnent certains de nos édiles. Une manière de faire ravaler les propos de ceux qui manquent de sens du patriotisme ou cultivent l'anathème à propos de la cité d'Ibn Mezghena. S'il est vrai que le quidam peut trouver un dénominateur commun entre El Bahdja et le cœur de la mégalopole napolitaine, il serait inconvenant de dire non sans un pincement au cœur que la médina de Sidi Abderrahmane supplante la cité parthénopéenne sur le plan salubrité. L'on concède que certaines zones de la grouillante troisième grande ville de la Botte sont jonchées de ballots de détritus nous rappelant quelque part le « décor » grossier de la rue Tanger, les quartiers Laâqiba ou Bab El Oued. Comme il est permis d'avancer que les voitures passent au feu rouge ; ça klaxonne, ça gesticule sans cesse pour exiger le passage aux piétons qui, très souvent, traversent sans regarder. Dans le sillage, on peut relever dans la capitale de la région de la Campanie les tares qu'elle traîne comme un boulet : outre les clans de la Camorra qui ont pignon sur rue, les chauffeurs de taxi peuvent vous flouer et les pickpockets rôdent dans les places publiques d'une agglomération au sein de laquelle le Napolitain y trouve matière à se mouvoir dans un tissu symbiotique et une ambiance fleurant bon. A dire vrai, il serait déplacé d'affirmer que notre « blanche » capitale soit plus propre que la ville de Naples dont l'histoire vivante regorge de beauté architecturale et artistique. Dans les quartiers pauvres ou malfamés de Naples, le visiteur est apostrophé par l'osmose urbanistique : le pavage des ruelles maintenu en bon état, la chaussée bien bitumée, les trottoirs sans aspérité, les avaloirs non engorgés, les parcs merveilleusement entretenus, le mobilier urbain préservé, les moyens de transport diversement accessibles (bus, tramways, funiculaires et les deux lignes du métro moderne, en attendant la troisième) résorbent intelligemment la circulation bouillonnante. Quant au patrimoine matériel et immatériel, il est toujours omniprésent jusqu'au pied du Vésuve, avec les piazza, monuments et sites qui nous édifient sur la bonne gouvernance qui repousse l'usure du temps et respecte le bon sens.