Selon une étude établie par le groupe britannique Urban clean environnement sur le niveau de propreté des grandes mégapoles du monde, Alger serait classée en bas de l'échelle du rang, soit l'avant-dernière des villes en matière d'hygiène et de salubrité publique. Si on inverse le tableau, elle est bien la 3e cité la plus sale, après deux autres capitales africaines, Banjul et Kigali. L'accent est mis, selon l'étude, sur le paramètre du civisme, ce geste écocitoyen qui nous fait tant défaut. Le commun des mortels peut qualifier l'appréciation du groupe en question quelque peu exagérée. Il peut à loisir contester le rang attribué à la ville d'Ibn Mezghenna, dans la mesure où il existe d'autres villes de par le monde en Asie ou en Amérique latine aussi sales que notre Alger la Blanche. Mais il s'agit là de capitale, une cité qui doit se faire belle et dont la politique de gestion laisse à désirer. Dans les années cinquante au siècle dernier et celles qui ont suivi, la propreté des quartiers d'Alger n'avait rien à envier à l'allure des arrondissements de la capitale de l'Hexagone. Qu'il s'agisse de Bab El Oued, des Sources, de l'ancien Belcourt, d'El Madania ou d'El Harrach, tout était clean et le contrôle des édiles de la ville ne souffrait aucun manquement. L'harmonie du cadre bâti épousait joliment les conditions de la vie citadine, ou vice versa. C'est selon. Les différents services chargés de l'entretien de la voirie (nettoiement, bitumage, réfection des trottoirs, embellissement, etc.) remplissaient leur tâche de manière rigoureuse et leur timing était en parfait accord avec les impératifs d'une ville, a fortiori une capitale. Tout était réglé comme du papier à musique. Ils se gardaient de se rejeter la balle. Les mécanismes étaient bien huilés et chacun des permissionnaires prenait soin de son secteur, ne rechignant guère à la belle ouvrage. C'était dans l'ordre des choses de ceux qui étaient soucieux de donner fière allure à une ville avec un grand V. L'administré, quant à lui, se conformait à la règle du jeu. Même le gueux ou celui qui supportait le dénuement ne dérogeait pas au principe de la bonne conduite citoyenne. Contrairement au goinfre de mauvais goût des temps présents. Ce rustre qui s'avise à balancer son paquet de cigarettes ou le pot de yaourt de son bambin à travers les vitres de son clinquant carrosse.