La très longue marche à pied, entreprise dans la nuit de vendredi à samedi entre le mont Arafat et Mina, en passant par Mouzdalifah, à une distance de 5 km, et deux nuits semblent avoir mis à rude épreuve les cœurs et les corps fragiles de nombreux malades chroniques. Les pèlerins algériens ont dû célébrer la fête de l'Aïd El Adha, samedi 30 décembre, dans la fatigue mais surtout dans la douleur. Deux autres victimes (une femme et un homme) ont allongé, hier, la liste des hadjis algériens terrassés par des arrêts cardiaques. La très longue marche à pied, entreprise dans la nuit de vendredi à samedi entre le mont Arafat et Mina, en passant par Mouzdalifah, à une distance de 5 km, et deux nuits semblent avoir mis à rude épreuve les cœurs et les corps fragiles de nombreux malades chroniques. Il était 22h hier (20h à Alger) quand une femme âgée de 70 ans s'affala devant nos yeux en plein marché faisant face au camp des pèlerins algériens. Secourue sur le tard par le staff médical saoudien, seul autorisé à opérer à Mina, la malheureuse femme devait rendre l'âme dans le centre de santé suite à une attaque cardiaque. Auparavant, mardi soir, une autre femme périt de la même manière à Mecca. Un autre homme a subi le même sort quand il a regagné, samedi, La Mecque fortement éprouvé par les kilomètres qu'il a parcourus entre Arafat, Mina et Mouzdalifah. Ce voyage de Arafat devant consacrer l'absolution de péchés et surtout l'ouverture des portes du Paradis aux pèlerins a été malheureusement un enfer pour beaucoup et fatal pour les deux victimes. Seize kilomètres de marche de près de quatre millions de personnes et une succession de 45 000 autobus ont rendu l'entreprise absolument insurmontable. Les pèlerins (âgés pour la plupart de 80 ans) dont la majorité n'a rejoint Mina que samedi au petit matin, et dans quelles conditions, nombreux étaient ceux qui ont sombré dans un sommeil comateux après une nuit de marche. D'autres s'en sont sortis avec des douleurs aux pieds et des maux de tête causés par le bruit assourdissant de cette gigantesque ville où circulent près de 50 000 autobus. A l'arrivée, nos hadjis se sont tenus au strict minimum dans la pratique religieuse en se limitant à cinq prières et à la lapidation (El Djamarat). Un secret bien gardé Pour cause, les mains et les pieds ne répondent plus. Fortement redoutée pour les terribles bousculades qui font des centaines de morts chaque année, l'épreuve de la lapidation s'est déroulée sans dégâts. Il faut dire que les autorités saoudiennes ont réussi à éviter les télescopages meurtriers en édifiant une deuxième plateforme au-dessus de la première à partir de laquelle les pèlerins peuvent accomplir l'épreuve sans accrocs. L'opération s'effectue en deux files, l'une souterraine et l'autre aérienne. Elles ne se rencontrent pas jusqu'à la sortie des lieux. Ici, tout le monde a salué l'initiative des autorités saoudiennes d'avoir transformé cet « enfer » annuel, avec son lot de morts et de blessés, en presque une partie de plaisir. N'était les deux kilomètres que les pèlerins devaient parcourir à pied. Il y a aussi le fait qu'il soit désormais permis de lapider à n'importe quel moment de la journée et de la nuit. Les membres des éléments de la police nationale, de l'armée de terre, et de la défense civile saoudiens mobilisés en force ont également fait un bon travail dans la canalisation des foules. Et pour cause, des sources crédibles soutiennent que le nombre de pèlerins cette année s'élève, en réalité, à près de 4 millions alors que les autorités royales gardent confidentiel le nombre exact. Ce secret bien gardé mais néanmoins mis à nu par les foules impressionnantes sur le terrain, serait lié aux milliards de dollars tirés de cette immense « foire » humaine mais surtout économique pour le Royaume wahhabite. Et cela relève apparemment du secret des dieux… La Mecque (Arabie Saoudite) De notre envoyé spécial