L'éprouvant parcours entre Arafat et Mina n'a pas été sans conséquences sur la santé de nos hadjis. Au moins 14 personnes sont décédées en trois jours, suite à la terrible fatigue qu'ils ont endurée tout au long des 16 km effectués à pied entre Arafat et Mina, via Muzdalifah, le week-end dernier. A l'arrivée, les cœurs des vieux hadjis ont craqué compte tenu du voyage d'enfer qu'ils ont effectué, mais surtout des conditions désastreuses dans lesquelles ils ont vécu dans les camps. En effet, les trois camps installés à Mina, Muzdalifah et Arafat ont été pris d'assaut par des clandestins algériens qui ne sont pas prévus dan les fichiers de la mission. Résultat, des centaines, voire des milliers de vieillards, hommes et femmes, ont dû passer leurs nuits à la belle étoile dans un froid terrible alors que leurs places étaient squattées par des indus occupants. Le comble est que les membres de la mission censés superviser l'installation des hadjis dans les camps n'ont rien pu faire. Ce fut à qui réussira à trouver une place loin du soleil. Cette loi du plus fort a donc été fatale pour les vieux, notamment ceux qui n'étaient pas accompagnés. Les crises cardiaques ont eu raison de 14 pèlerins qui n'ont pas pu supporter les nuits blanches glaciales avec le ventre creux. Bien que le centre médical de la mission, qui déploie des efforts titanesques pour secourir les hadjis, ait minimisé le taux de mortalité par rapport à la moyenne nationale, ce pic dans le nombre de morts en trois jours aurait sans doute pu être réduit si la rigueur a été observée dans la gestion des camps. Aussi, la mission médicale, dirigée de main de maître par son chef le professeur Guennar en collaboration avec ses collègues, le professeur Ouadahi, le cardiologue Aoudia et le psychiatre Belaïd entre autres, est frustrée de n'avoir pas pu intervenir dans les camps avec son matériel. Il faut savoir que le ministre saoudien de la Santé a pris une décision incongrue d'interdire aux missions médiales étrangères de secourir les leurs à Mina et à Arafat, sous prétexte qu'il y avait sur place des hôpitaux. Malheureusement, c'est là-bas qu'il a été enregistré le plus grand nombre de morts sans que les médecins algériens n'aient pu faire quoi que ce soit. Ils ont d'ailleurs dû revoir à la baisse le dispositif d'intervention sanitaire arrêté depuis Alger. A Mina et Arafat, la mission de nos médecins s'est limitée à accompagner nos pèlerins aux structures sanitaires saoudiennes. Cela ne les a pas empêchés de travailler au noir dans les camps à l'abri des regards saoudiens pour tenter de prendre en charge certains cas qui ne nécessitaient pas de gros moyens. Un service H24 Il faut préciser que la mission médicale algérienne est composée de 119 personnes, dont 21 spécialistes, des généralistes, des infirmiers, des prospecteurs en pharmacie et des ambulanciers. Répartie en trois antennes — La Mecque, Médine et Djeddah — la mission dispose de tout le matériel nécessaire et des médicaments pour faire face à n'importe quelle urgence. Souvent sur la brèche, les médecins, notamment à La Mecque, assurent un service H 24 et font la ronde dans les 74 hôtels abritant les pèlerins algériens pour secourir des malades ou distribuer des médicaments. La mission a également installé sept antennes bien équipées dans toutes les zones où sont concentrés nos hadjis. Le QG de la mission médicale reçoit une moyenne de 2000 pèlerins pour différentes consultations en plus d'une dizaine de personnes hospitalisées sur place et qui bénéficient d'un suivi médical. Si le staff est plutôt serein, pour les conditions de travail, il faut relever que cela est loin d'être une sinécure avec sept cas de dialyse, des cancéreux et plus grave encore une dizaine de cas psychiatriques. Arabie Saoudite. De notre envoyé spécial