Le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou a examiné, jeudi dernier, l'affaire de l'assassinat du frère de Rachid Allouache, délégué des archs et dans laquelle deux neveux du président du RCD, Saïd Sadi, sont accusés. Au terme de ce procès, le tribunal a rendu son verdict vendredi à 5h en condamnant l'accusé principal à 10 ans de prison ferme, pour le chef d'inculpation d'« incendie volontaire ayant provoqué la mort » et acquittant le deuxième, poursuivi pour « participation à l'incendie ». L'affaire remonte à la nuit du 6 au 7 avril 2004, soit à l'avant-veille de l'élection présidentielle, quand un incendie s'est déclaré dans la librairie de la famille Allouache, à Fréha, vers 2h du matin et qui a coûté la vie à Hakim Allouache, (frère du délégué, âgé de 25 ans). Tenant compte de la rivalité entre les deux camps à l'époque où le RCD menait la campagne électorale pour son candidat, Saïd Sadi, alors que les archs avaient appelé au rejet des élections, la famille de la victime a vite chargé le RCD de cet acte. L'incendie a ainsi été imputé à B. Yahia, 44 ans, et S. Saâdi, 24 ans, neveux de Saïd Sadi et animateurs de la campagne électorale du candidat à la présidentielle dans la ville de Fréha. Lors de ce procès, qui a duré plus de 20 heures, la culpabilité des deux accusés n'a pas été établie. En effet, ni les témoins, ni le dossier de l'instruction, ni les différentes expertises (médicale, chimique ou judiciaire) n'ont démontré la culpabilité des deux mis en cause. B. Yahia et S. Saâdi ont été directement accusés, car le jour du drame ils se trouvaient sur les lieux et ont contribué à l'extinction du feu. Ils ont même évacué la victime à bord de leur véhicule. Les mis en cause ont expliqué que depuis le début de la campagne électorale, ils n'ont pas quitté la ville de Fréha où ils assuraient la permanence au bureau de leur parti, qui se trouve à une trentaine de mètres seulement du magasin de la famille Allouache. Interrogé par la présidente du tribunal, le frère de la victime et représentant des archs, Rachid Allouache, a reconnu que « le jour du crime (je) n'étais pas présent. J'ai quitté Fréha en apprenant que le RCD compte assassiner quatre délégués des archs ». Pour lui, B. Yahia est l'auteur de cet acte, car, dix jours auparavant, une altercation verbale a éclaté entre eux. Le père et le deuxième frère de la victime ont affirmé ne pas connaître les deux accusés de près, tout en rappelant que leur magasin a déjà pris feu accidentellement en 2003. La vingtaine de témoins qui se sont succédé à la barre n'ont pas, non plus, contribué à élucider cette affaire. Certains d'entre eux ont nié les déclarations qu'ils ont faites devant le juge d'instruction et d'autres ont avoué avoir été soudoyés. Malgré l'absence de preuves directes, le procureur général a requis la peine capitale à l'encontre des deux accusés, en déclarant que « les éléments présentés laissent conclure que les deux accusés sont coupables. Ils ont incendié le magasin sans savoir que la victime se trouvait à l'intérieur ». Les avocats de la défense, pour leur part, ont relevé plusieurs anomalies : « L'instruction a été menée uniquement à charge et bâclée en trois mois. Le local a changé de locataire et a été refait avant même la clôture du dossier alors qu'il devait être mis sous scellés », regrette Me Sadat. Par ailleurs, Me Miloud Brahimi s'en prendra au réquisitoire en déclarant : « Au lieu d'exiger des preuves de culpabilité, le procureur demande aux accusés de justifier leur innocence. Cela n'est pas surprenant lorsque le président de la République lui-même reconnaît que la justice subit des pressions politiques et militaires. » Non satisfait de la décision du tribunal, l'accusé compte faire appel. En réaction à ce verdict, Saïd Sadi, ayant assisté au procès déclare : « C'est un scandale judiciaire, le verdict est purement politique. » Parallèlement, un rassemblement de plusieurs centaines de personnes a eu lieu devant la cour de Tizi Ouzou, organisé par le comité de soutien aux deux accusés. Ces derniers sont restés sur les lieux du début jusqu'à la fin du procès malgré le froid. Des slogans dénonçant l'instrumentalisation de la justice et demandant le jugement des véritables assassins de Hakim Allouache ont été scandés par les militants du RCD, qui avaient un comport ement exemplaire devant les incessantes provocations de certains partisans des archs, dont le nombre ne dépassait pas la vingtaine Notons que le procès s'est tenu en présence des responsables du RCD et des délégués des archs, sous un dispositif sécuritaire impressionnant. Lyès Menacer, M. Naili