Les années se suivent et se ressemblent pour les hadjis algériens. Dans la douleur bien sûr. Cette année encore, le campement à Arafah et Mina a été fatal pour une vingtaine de personnes. La fatigue et la malbouffe ont eu raison des cœurs de nombreux hadjis qui ont été terrassés par des arrêts cardiaques. On déplore au moins une quinzaine de décès durant ces épreuves, portant ainsi le nombre de victimes du hadj à 27. Aussi, la grande foule de près de quatre millions de personnes qui s'est ébranlée de Arafah à Muzdalifah a fait perdre la tête à 50 Algériens. Ces derniers ont été récupérés par la police saoudienne dans des villes aussi éloignées que Jeddah, Taïf et même Al Madinah distante de… 430 km de Mekkah. Perdus dans cette gigantesque marée humaine en l'absence d'accompagnateurs, ces personnes ont tourné le dos à Mina sans le savoir. En plus de leur incroyable mésaventure à leur âge, ces égarés ont raté ce pour quoi ils ont fait ces milliers de kilomètres : le hadj… Pour ceux qui ont atteint Mina, au moins trois mille dormaient à même la chaussée au milieu des eaux usées et toutes sortes de détritus. Pour cause, leurs places dans les camps ont été squattées par plus de 30 000 hadjis émigrés en Europe de différentes nationalités. Ayant constaté l'anarchie dont fait preuve la biâatha chaque année dans la répartition des tentes, ces étrangers ont pris d'assaut les camps où l'on offre même un repas « gratos ». Même constat pour près de 2000 clients du TCA qui ont élu domicile dans les couloirs du camp des trois agences. Quant à ces vieux qui n'ont pas les bras assez solides pour se faire une place, une seule solution leur est offerte : la rue sous des linceuls blancs, comme des morts !