Dans la matinée de vendredi, Djamel Ould Abbas était à Annaba. Dès sa descente d'avion, il s'est rendu sur les lieux de l'incendie de la salle omnisports. Il s'est enquis de la situation des 49 familles rescapées et de celle des proches de la vieille femme dont le corps avait été retrouvé calciné sous les décombres. Aux alentours, les curieux étaient nombreux. Beaucoup se sont interrogés sur l'apparition de M. Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale sur le lieu du drame. Il était accompagné d'une équipe de la télévision nationale, sommée de se déplacer de Constantine tard dans la nuit de jeudi à vendredi. D'autres curieux se sont interrogés sur les propos d'allégeance de M. Ould Abbas au président de la République. Certains avaient relevé que le ministre avait, devant la caméra de l'unique, fait beaucoup d'efforts pour influencer les représentants des familles sinistrées à exprimer la même allégeance. Il y a ceux convaincus que Ould Abbas exploite le deuil des familles algériennes en différentes régions du pays pour montrer ses qualités de laudateur. Ce vendredi matin à Annaba, sous le dôme effondré de la salle omnisports, Djamel Ould Abbas s'est répété. Il a égrené une kyrielle de termes d'allégeance à Abdelaziz Bouteflika. Rien sur ces 49 familles qui, depuis 2003, vivent le calvaire des sans-logis sans que trois années après leur problème ne soit résolu. Rien sur cette fuite de responsabilité dans une Algérie qui gémit sous les effets de l'incurie et des anarchies. Encore une fois, comme il l'avait fait pour les victimes de l'accident de Berrahal à leur retour d'Alger après la longue maladie de Abdelaziz Bouteflika, m. Ould Abbas a pris des engagements irréalisables. Comme pour les sinistrés des intempéries du 5 septembre 2003 à Bouzaroura et Sid Harb de Annaba, il a exprimé au nom du président de la République, des promesses utopiques. Il a cependant pris la précaution d'avancer quelques réalités vécues ou à vivre à court terme, telles que la création du numéro vert pour les personnes en détresse, le projet de loi pour la défense et la préservation des droits des personnes âgées, les poursuites judiciaires à l'encontre des descendants qui rejettent ou maltraitent leurs parents. Lors de la conférence de presse, le ministre s'est une nouvelle fois engagé dans le tourniquet des sébiles. L'absence dans la réalisation de nouvelles infrastructures sociales, le nombre peu important des contrats préemploi malgré l'enveloppe financière de 29 milliards de dinars accordés, en sont quelques-unes. A Annaba, M. Ould Abbas n'a pas prononcé une oraison funèbre à la mémoire de la vieille femme calcinée. Il n'a pas eu le temps de le faire. M. Ould Abbas était obnubilé à vouloir donner de l'espace à son imaginaire sur un social national qui ne profite à personne. « Le président de la République m'a instruit à l'effet de vous exprimer son soutien et sa compassion. Je suis ici pour vous informer également qu'il a décidé d'octroyer à chacun de vous une aide financière de 150 000 DA pour l'achèvement de votre LSP. Ceux qui ont perdu leurs biens ne seront pas oubliés. Dites merci au Président et à l'Etat qu'il gère pour les bienfaits qu'ils vous procurent », cette affirmation de M Ould Abbas a suffi pour mettre en émoi la population de Annaba. Elle a ajouté un plus à son émotion face à l'incendie de la salle de sports de la plaine ouest avec le décès d'une personne, les blessures occasionnées à deux autres et la perte totale de tous les effets personnels des 49 familles. Emoi d'autant plus grand quand on sait que ces familles n'avaient pas cessé d'alerter les autorités sur la précarité de leur environnement. Durant plus de 3 années, 147 personnes - hommes, femmes et enfants - y vivaient entassées dans des conditions de vie exécrables. Quelques jours précédant le sinistre, trois bébés avaient été mordus par des rats. L'ambiguïté s'est accentuée lors de la visite par la délégation ministérielle du chantier de réalisation des 30 logements destinés à ces familles. Ils sont encore à l'état de gros œuvres, 13 mois après le lancement des travaux de réalisation. Ambiguïté aussi quant aux causes à l'origine de l'incendie de cette salle. Elle avait été transformée en centre de transit des sinistrés en septembre 2003. Ce 4 janvier 2007, cette salle réceptionnée à la fin des années 1980, n'est plus que ruine. D'où la sourde colère qui gagne l'opinion publique locale. La plupart des citoyens interrogés sur les lieux du sinistre ont affirmé que si les 49 familles avaient été relogées, il n'y aurait pas eu cette mort accidentelle et la perte d'une aussi importante infrastructure sportive.