Au lendemain du séisme meurtrier qui a frappé vendredi dernier le nord-ouest de la wilaya de M'sila, la ville donne l'image d'un champ de ruines. À l'entrée de la ville de Béni Yelman, la mosquée qui surplombe plusieurs habitations est complètement détruite. Des maisons mitoyennes ont subi pratiquement le même sort. Un peu plus loin, plusieurs édifices publics, écoles, CEM, centre de santé, centre culturel et le siège de l'APC ont été eux aussi endommagés. Des citoyens rencontrés donnent toujours l'air pris de panique, d'autant que nombreux étaient ceux qui ont passé la nuit à la belle étoile, enveloppés dans des couvertures sous un froid glacial, notamment après la réplique signalée à 1 heure du matin. Certains, plus courageux que d'autres, demandent des nouvelles des gens qui habitent d'autres mechtas et hameaux entourant le chef-lieu communal. Au milieu de la journée, une délégation ministérielle, composée du ministre délégué chargé des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, et du ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould-Abbès, s'est rendue, hier, sur les lieux pour apporter l'aide du gouvernement et décider des mesures à prendre. Les représentants du gouvernement ont affirmé que “la situation est maîtrisée et que le ministre de l'Habitat va rejoindre dans quelques heures la région pour distribuer des logements aux sinistrés”. Et d'ajouter : “L'Etat n'a ménagé aucun effort pour prêter assistance aux sinistrés de la région.” Les autorités locales ont confirmé le bilan rapporté hier par la presse nationale : 2 morts et 43 blessés, en précisant que 16 personnes blessées ont quitté l'hôpital dans la nuit de vendredi à samedi. Ceci étant, la mobilisation était au rendez-vous, un élan de solidarité a pris forme immédiatement après le séisme. Les aides des régions limitrophes et des citoyens commencent à arriver. Dès les premières heures, des aides affluent vers les lieux du drame. “Les besoins les plus urgents pour le moment sont de fournir aux rescapés un abri et de les protéger du froid”. Les secours sont organisés dans cette localité de 8 000 habitants. Selon le président de l'APC de Béni Yelman, pas moins de 180 tentes sont en cours de distribution au profit des familles “les plus touchées”. Et d'autres tentes sont prévues pour les familles qui refusent de regagner leur domicile par crainte des répliques. Elles entendent alors ériger leurs tentes devant leurs maisons. Le P/APC précisera encore que quelque 400 habitations, notamment parmi les vieilles constructions réalisées en pisé, “ne sont plus en état d'être occupées”. Il faut noter, par ailleurs, que le problème de l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires de première nécessité n'est pas bien assuré. Selon le responsable du local du Croissant-Rouge algérien (CRA), la distribution doit être prise en charge par la commune. Un habitant de Béni Yelman nous a pris à témoin pour nous relater les circonstances du séisme. “Il était 13h29 soit quelques minutes après avoir terminé la prière du vendredi, les gens se sont cloîtrés chez eux. Avec quelques amis, on était adossés au mur de l'école primaire, et à un moment donné, nous nous sommes levés et sommes venus au milieu de la rue pour voir ce qui se passait. Au bout de trente secondes, les secousses sont devenues très violentes et les murs commençaient à se fissurer et à tomber. Les voitures qui étaient stationnées se sont soulevées de quelques centimètres de la chaussée”. Et alors commence la panique générale, des femmes, des personnes âgées, des enfants couraient dans tous les sens. Une panique indescriptible. Un autre témoin a voulu apporter sa version des faits. “J'étais resté immobile, sans savoir quoi faire. J'ai uniquement pensé à me protéger et comment faire pour sortir car notre maison est vétuste et risquait de s'écrouler”. Dans la partie ouest du village, Samy, enseignant, a rappelé que l'imam de la grande mosquée n'a cessé de remercier Dieu d'avoir épargné la vie aux fidèles qui étaient nombreux quelques minutes avant dans la mosquée détruite. “C'est vendredi, la mosquée est archicomble, on a terminé la prière juste avant 13h29 et les fidèles avaient quitté les lieux”. Après ce tremblement de terre, plusieurs répliques ont été également enregistrées dans la matinée d'hier. Durant la nuit de vendredi à samedi, des groupes d'habitants ont passé la nuit entière devant leurs maisons de peur des répliques. Au village Samma, commune de Bendaoud, soit à 70 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, prises de panique, plusieurs familles sont sorties dans la rue.