Le souhait de Abdelaziz Belkhadem, exprimé jeudi, de faire subir un lifting à l'équipe gouvernementale, recèle probablement un lien direct avec la récente victoire de son parti, le FLN, aux élections sénatoriales. La demande du chef du gouvernement peut, en ce sens, correspondre à une volonté du « vieux front » d'accentuer son hégémonie sur les institutions en général et l'Exécutif en particulier. La lecture reste plausible, d'autant que cette formation a souvent revendiqué, au nom de la loi du nombre, le droit de détenir le gros des leviers décisionnels. Aussi, il n'y a pas à s'étonner si le remaniement que M. Belkhadem appelle de ses vœux débouche sur l'arrivée d'autres ministres FLN au gouvernement. Cela, bien entendu, dans l'éventualité où le président Bouteflika accède à la doléance de son Premier ministre. Fondamentalement, Abdelaziz Belkhadem n'a pas de grandes raisons de craindre que la Présidence rejette sa demande. Cela, d'abord parce qu'il est possible que sa volonté de changement soit partagée par le chef de l'Etat lui-même. De nombreux observateurs de la scène politique n'écartent pas l'hypothèse que l'idée du remaniement soit née au Palais d'El Mouradia. Après tout, le président de la République s'est lui aussi montré, et à de nombreuses occasions, insatisfait du rendement de certains ministres. L'épisode de sa visite, l'an dernier, à la nouvelle aérogare internationale d'Alger et à l'université de Bab Ezzouar révèle, à tout le moins, que certains ministres sont tombés en disgrâce. Et pour diverses raisons. Quoi qu'il en soit, la conjonction des intérêts du chef de l'Etat avec ceux de son chef du gouvernement fait que le remaniement évoqué le week-end dernier a de fortes chances d'avoir lieu. Si tel sera le cas, il n'est pas nécessaire d'être un grand analyste pour deviner que ce changement pourrait bien se faire d'abord au détriment du RND et du MSP. Car, au-delà de ses propos lénifiants sur l'importance de l'Alliance présidentielle et les bienfaits de la participation politique, Belkhadem semble tenir rancune à ses partenaires politiques pour les coups bas qu'ils ont assénés à sa formation durant les sénatoriales. D'ailleurs, il ne s'en cache pas. Rien que pour cela, il est peu probable qu'il leur fasse une fleur. Justement, si le président de la République va dans le sens de ses attentes, il y aura lieu de prévoir à ce que le patron du FLN essaye de placer au gouvernement les fidèles d'entre ses fidèles. Cette attitude pourrait s'expliquer par son souci de prouver sa capacité à gérer en essayant, notamment, de faire aboutir les grands chantiers lancés par le chef de l'Etat et, pourquoi pas, œuvrer dans la foulée à se donner l'étoffe et le profil d'un possible candidat à la prochaine présidentielle. Fondamentalement, rien n'exclut l'idée que le président Bouteflika ne se place pas, lui aussi, dans la même logique : celle de se maintenir au pouvoir.