Entre les artisans de Tizi Ouzou et les pouvoirs publics, il y a un abîme qui se traduit par l'absence de communication ou la faible circulation de l'information et « l'impartialité des responsables du secteur à l'égard des artisans ». Les artisans rencontrés à la Maison de l'artisanat regrettent que l'Etat ne les « aide pas suffisamment, et le peu d'argent émanant des pouvoirs publics sont destinés à une minorité qui a des liens avec la direction de la PME ou la Chambre de l'artisanat. L'information ne nous parvient même pas ». En effet, il y a un certain nombre de mesures ou d'actions prises par l'administration, qui n'auraient jamais été communiquées aux façonniers inscrits à la Chambre de l'artisanat. Sur les 1106 inscrits jusqu'à novembre 2006, dont 263 radiés, 44 seulement ont bénéficié d'une formation initiée par la direction. Ce qui amène les artisans à travailler en solo, parfois même en clandestinité. « Nous sommes contraints de vendre au marché informel et faire des tournées dans les village afin d'écouler nos produits », avoue un bijoutier. L'absence d'encadrement a fait de « l'artisanat traditionnel, une activité purement commerciale. Elle se voit donc vidée de son sens. Elle n'exprime plus les valeurs culturelles de notre région… », explique un artisan. « La matière première manque terriblement, et les responsables ne s'en soucient guère. On s'approvisionne avec nos propres moyens », ajoute-t-il. A l'exception de l'Agenor, qui fournit les métaux précieux, pour les autres matières, les artisans se débrouillent comme ils peuvent. Il faut signaler que les besoins en matières premières et produits finis ne sont pas quantifiés et aucun chiffre n'est disponible à la Chambre de l'artisanat, qui chapeaute les wilayas de Tizi Ouzou et de Boumerdès. « En plus du désintéressement de la population aux produits traditionnels, nous faisons face à une concurrence déloyale, locale et étrangère. » Sur un autre chapitre, à part l'association professionnelle des artisans d'Ath Yenni, les autres activités ne sont pas représentées. Pour le directeur de la Chambre de l'artisanat, « il y a un regain d'intérêt et d'attention de la part des autorités, à l'égard de l'artisanat traditionnel, et de la part des artisans, en vue de promouvoir ce secteur. D'autant plus qu'il est pourvoyeur d'emplois et de richesse ». D'après l'Ansej, à la fin 2005, le secteur a bénéficié du financement de 84 PME et prévoit la création de 169 emplois. Selon notre interlocuteur, « des efforts considérables sont déployés afin de réorganiser le secteur ». Pour le volet communication et information, « la direction des PME a déboursé une somme de 2,8 millions de dinars, dont 90 millions de centimes n'ont pas été débloqués pour la fête de la poterie de Maâtkas qui n'a pas eu lieu à cause de l'insécurité. Les informations sont transmises via ces manifestations ». Sur le plan formation notre interlocuteur révèle qu'une « convention-cadre a été signée entre la Chambre nationale de l'artisanat et des métiers et le ministère de la Formation professionnelle avec un montant de 1 million de dinars, dans le but de former 44 artisans ». Pour enrichir la base de données du secteur, notamment les besoins en matières premières et la quantification des produits finis, l'ANAT, « prévoit l'ouverture prochaine d'une centrale d'achat à Alger, pour parer à cette lacune ».