Le dernier conseil exécutif de la wilaya de Tizi Ouzou, consacré au secteur du commerce, a décidé, non pas d'interdire le marché hebdomadaire de Taboukirt, mais de le régulariser. Pour prendre une telle décision, les responsables locaux semblent ne s'être jamais rendus dans la localité le jour de la tenue du marché, ou alors, ils font complètement abstraction des désagréments occasionnés aux usagers de la RN 12, et plus grave, ferment les yeux sur les dégâts causés au lit de l'oued Sébaou. Le marché hebdomadaire se tient depuis un an dans l'oued, en contrebas de la route nationale, à une vingtaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya. Les étals des marchands débordent en fait sur la route, rognent sur la chaussée et bloquent l'intersection de Taboukirt. La circulation s'immobilise devant les étalages des fruits et légumes, les arbustes et même la menuiserie. Le flux automobile est bloqué pendant des heures, sur plusieurs kilomètres. Pour franchir la zone rouge entre Chaïb et Tizi Rached, l'on met le temps que prendrait le trajet entre Tizi Ouzou et Alger. Il n'y a aucun agent de l'ordre pour désengorger un tant soit peu la situation, mais une armée de gardiens de parking interlopes et souverains. On pourrait faire payer la place de parking si la voiture est fracassée à l'arrière par un camion et qu'elle est jetée au bord de la route. Les marchands du vendredi occupent le domaine fluvial, polluent les ressources hydriques, perturbent la circulation sur la route nationale, prennent en otage des milliers de voyageurs, souvent en famille et en visite du week-end, et aucune autorité ne daigne intervenir pour exercer sa mission et sa responsabilité. Ce sont les autorités qui sont devenues les parrains de la « souffrance publique » et de l'anarchie généralisée. Les citoyens endurent, pensent que c'est leur lot de subir de telles voies de fait, savent que l'Etat est complaisant, complice. Vu que la situation dure depuis des mois sans qu'il n'y ait aucune réaction des autorités, il devient clair que les pouvoirs publics ne se soucient ni du sable de l'oued Sébaou ni de la nappe phréatique et encore moins du bien-être des citoyens.