Dans le cadre de la manifestation « Alger capitale culturelle arabe 2007 », le Théâtre national algérien (TNA) à Alger rendra, aujourd'hui de 18h à 21h, un hommage au chanteur chaâbi Dahmane El Harrachi. A ce propos, les organisateurs de cette rencontre ont animé hier une conférence de presse à la maison de la presse Tahar Djaout. Dans son intervention, le représentant du ministère de la Culture, Noureddine Lardjane, a mis l'accent sur la nécessité de préserver et de promouvoir le patrimoine musical algérien et de commémorer ses figures emblématiques, à l'exemple de Dahmane El Harrachi. Ainsi annonce-t-il l'initiative du ministère de la Culture d'enregistrer et de mettre sur le marché une partie de ce patrimoine, soit des chansons qui datent de 1901 jusqu'aux années 1970. Cette première étape de l'opération touche deux cents chanteurs. Elle sera bouclée à la fin du premier trimestre de l'année en cours. De son côté, le chanteur Hamidou a présenté le programme de la commémoration qui débutera avec la troupe de zorna El Afrah. Suit la projection d'un documentaire sur Dahmane El Harrachi. Seront aussi récités des textes de l'artiste. L'orchestre national de chaâbi, sous la direction de Zerrouk Mokdad, jouera une touchia Jambar Sika. A son tour, le fils de Dahmane El Harrachi, Kamel, interprétera quelques chansons de l'artiste. Dans son intervention, Kamel El Harrachi a remercié les initiateurs de cette rencontre. Abdelkader Bendaâmache a brièvement retracé la vie de l'artiste. Originaire de Khenchela, Dahmane El Harrachi, de son vrai nom Abderrahmane Amrani, est né le 7 juillet 1926 au quartier La Fontaine Fraîche à El Biar, (Alger). Pour subvenir aux besoins de sa famille, il a travaillé entre autres comme cordonnier puis receveur de tramway CFRA. Il y passe sept ans faisant la ligne El Harrach - Bab El Oued. Il fabrique de ses propres mains sa première guitare. Après sa période d'apprentissage, il travaille avec l'hadj M'hamed El Anka, Khlifa Belkacem et l'hadj Mnaouar. En 1949, il part en France où il fait connaissance avec plusieurs artistes pour ensuite travailler avec eux, à l'exemple de cheikh Arab Ouyezgarène et cheikh El Hasnaoui. Ce dernier, selon Bendaâmache, « l'admire beaucoup et l'intègre même dans son orchestre », sachant que cheikh El Hasnaoui est exigeant. Après l'indépendance, rappelle le même intervenant, « la télévision et la radio algériennes lui ont fermé leurs portes. Mais cela n'a pas empêché Dahmane El Harrachi d'avoir du succès auprès du peuple qui savoure toujours ses chansons. Ce peuple qui constitue pour lui sa source d'inspiration. En 1974, il a rempli tout seul le stade Benabdelmalek ». Il meurt le 31 août 1980 dans un accident de la circulation, sur la route de Aïn Bénian. Malgré ses déboires avec la télévision et la radio, Dahmane El Harrachi demeure à ce jour un des artistes les plus appréciés en Algérie et dont l'œuvre a dépassé les frontières. Des œuvres inoxydables par le temps et insaisissables par les boisseaux de l'étouffement. Il disparaît alors que son inspiration est encore en éveil. En effet, il laisse après sa disparition près de trois cents chansons qui ne sont pas enregistrées.