Le secteur de l'agriculture a enregistré un taux de croissance de 6,41% en 2004, a annoncé le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier en marge de la réunion des cadres du secteur. A l'occasion, le ministre a largement évoqué la décision prise par son département d'autoriser l'importation de viandes rouges fraîches. Ainsi, il informera qu'environ 2900 t, soit trois millions de kilogrammes de viandes rouges fraîches, vont être mises sur le marché. « Nous avons appelé les opérateurs à importer de la viande, car les producteurs locaux ne veulent pas baisser les prix malgré une production suffisante », a-t-il expliqué avant de préciser que « l'autorisation d'importation sera en vigueur même après le mois de Ramadhan ». Jusqu'à présent, une quinzaine d'opérateurs ont été autorisés à importer cette denrée alimentaire. L'orateur laissera entendre que le kilo de viande pourra ainsi être cédé à 500 DA. Saïd Barkat a toutefois insisté sur le fait que la régulation du marché et des circuits de la distribution n'est pas du ressort de son département qui, d'après lui, doit veiller uniquement à la disponibilité du produit. « Le ministère de l'Agriculture n'est pas un magasin », a-t-il martelé. « Nous avons 19 millions de têtes d'ovins qui peuvent assurer au-delà de nos besoins. Il n'est pas question de passer du monopole de l'Etat au monopole du privé », a-t-il affirmé. D'après lui, la décision d'importer a été prise bien avant. « Nous avons donc eu le temps de prendre toutes les dispositions concernant la qualité. La viande est certifiée hallal par la Mosquée de Paris », a-t-il rassuré. Concernant le périple acridien, près de 10 milliards de dinars seront dégagés pour les besoins de la lutte antiacridienne. il est à rappeler que 6 milliards de dinars avaient été consacrés à la première phase de cette lutte, où 2,6 millions d'hectares ont été traités. Durant la deuxième phase de la lutte antiacridienne, environ 20 000 hectares ont été infestés et ont été traités. « Nous sommes prêts. Les produits et les appareils sont disponibles. Nous avons doté toutes les villes, même celles du littoral, pour faire face à ce fléau. Des spots télévisés vont être diffusés pour sensibiliser la population », a affirmé Saïd Barkat, qui a prévenu que la deuxième phase sera plus virulente que la première et demandera donc une mobilisation beaucoup plus importante. Il a tenu à souligner que l'utilisation de pesticides ne présente aucun danger, car ils sont biodégradables et sont utilisés avec précaution. Lors de son intervention devant les cadres du secteur, le ministre a mis l'accent sur l'importance de la mise en place des comités de wilayas pour la fiscalisation comme prévu dans la loi de finances 2003. « Plus de 300 000 agriculteurs ont bénéficié du soutien de l'Etat pour la mise à niveau de leurs exploitations. Celles-ci sont devenues rentables, voire bancables. Les banques ont montré leur disponibilité pour bonifier le taux d'intérêt. Les exploitations agricoles sont donc devenues des entités économiques. D'où la nécessité de fiscalisation », a déclaré le ministre. Les comités de wilaya où seront impliquées les directions des services agricoles, les directions des impôts et l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) auront pour rôle de mettre en place un système de fiscalité adapté à chaque région. Force est de constater que seules quelques wilayas ont un comité de fiscalisation, selon le ministre. Sur sa lancée, Saïd Barkat a dénoncé la frilosité des banques à financer l'investissement dans le secteur agricole alors qu'« elles ont beaucoup d'argent ». « Nous allons faire de telle sorte que le secteur agricole devienne bancable. Je ne vois pas pourquoi quelqu'un qui vient avec 1000 à 1200 m2 pour une usine dans une zone d'équipement est considéré comme bancable, alors qu'un agriculteur qui vient avec 20 à 25 ha ne l'est pas », a-t-il dit. Il a longuement évoqué la filière lait qui rencontre des problèmes au niveau de la collecte. Pour y remédier, le ministère compte encourager les jeunes diplômés à investir dans ce créneau. Les besoins de la population algérienne sont estimés à 3 milliards de litres, alors que la production nationale est d'un peu moins de 2 milliards de litres. « Nous allons inciter les unités de production de lait, notamment celles du secteur public, à intégrer le lait cru », a-t-il signalé. Enfin, selon le ministre, la facture alimentaire a baissé. Elle était de 2,7 milliards de dollars en 2001 contre 2,2 milliards de dollars en 2003. Alors que les recettes générées par le secteur agricole sont de l'ordre de 8 milliards de dollars.