Le trafic ferroviaire a été hier, dès 11h, paralysé par le personnel roulant, toutes catégories confondues : chefs de train, contrôleurs et conducteurs, en particulier ces derniers qui ont payé jusque-là un trop lourd tribut en raison des risques de leur métier et des actes irresponsables et criminels dont ils sont régulièrement victimes. A notre arrivée à la gare de Constantine, une vive tension régnait au quai n°1 et sur la voie principale investie par un groupe de cheminots farouchement déterminés à empêcher tout mouvement de train. Massé sur le quai, le gros de la troupe exigeait à cor et à cri la présence du directeur régional de la SNTF, le seul interlocuteur apte, selon les protestataires, à mener un dialogue avec leurs délégués. « Cette crise couvait depuis longtemps », nous ont déclaré ces derniers avant d'ajouter que « les événements se sont précipités en raison du mépris affiché par notre tutelle sur un certain nombre de doléances qui lui ont été signifiées dans les règles. Et notamment le cas dramatique de l'un de nos chefs de train victime, cet été, d'un jet de pierre qui a affecté gravement son œil gauche, alors qu'il était de service sur un train de marchandises qui devait se rendre du Khroub à Annaba. Après des soins effectués sur le territoire national, son transfert à l'étranger s'impose aujourd'hui de peur qu'il ne perde son œil ». Dans le feu de l'action, ils tiendront aussi à évoquer « les mauvaises conditions de travail, la surcharge horaire que subissent les roulants et les conséquences qui peuvent en découler en raison d'une baisse de vigilance due au stress et à la fatigue et, surtout, l'insécurité totale dans laquelle chaque roulant tente, tant bien que mal, d'exercer son job, à l'exemple des conducteurs visés par les jets de pierres et les contrôleurs à la merci d'agressions ». Quelques minutes plus tard, le directeur régional de la SNTF recevra ces deux délégués pour une entrevue dont l'issue semble évidente pour la majorité des protestataires persuadés que les problèmes de fond ne seront pas résolus.