«Si nos revendications les plus élémentaires ne sont pas satisfaites, nous procéderons à la fermeture de la direction générale.» Un autre épisode du bras de fer ayant opposé, une dizaine de jours durant, les conducteurs de la Sntf à la direction générale, se profile à l'horizon. C'est du moins ce qui ressort des propos d'un représentant du collectif des protestataires lors de la dernière grève, dans une déclaration faite hier à L'Expression. Dans quelques jours, le transport ferroviaire risque, encore une fois, d'être totalement paralysé. Les pertes seront énormes et le citoyen subira, à lui seul, les conséquences. S'agit-il d'un énième temps additionnel d'une piètre partie que se livrent les deux parties? «Cette prolongation sera décisive et déterminera le vainqueur final de la partie», a précisé notre interlocuteur. Plus explicite, il a ajouté que l'ensemble des conducteurs sont déterminés à obtenir gain de cause. Plus que jamais, le spectre d'un nouveau débrayage pointe le nez. Les cheminots campent sur leur position. Ils menacent de paralyser complètement le transport ferroviaire. Ils brandissent la menace de recourir à d'autres «solutions» que celle de la grève illimitée. «Si nos revendications les plus élémentaires ne sont pas satisfaites, nous procéderons à la fermeture de la direction générale», clame le représentant de la section gréviste. Et d'ajouter que «si, avant, la grève était la dernière étape à laquelle nous faisions recours, cette fois-ci la donne sera renversée.» Dans le même contexte, saisir le président de la République sera inévitable. Qu'en est -il du ministre des Transports? Le porte-parole des conducteurs grévistes insiste sur le fait que «le premier responsable des Transports brille par son mutisme et sa sourde oreille quand il s'agit de revendications de la base, des travailleurs.» A l'instar de plusieurs centaines de ses collègues, notre interlocuteur crie, haut et fort, à des dépassements uniques dans le genre depuis son recrutement. En dépit d'une vingtaine d'années d'expérience, il se retrouve face à deux dilemmes: une situation actuelle peu reluisante et un avenir plus que compromis. Deux raisons expliquent, à elles seules, que la situation qu'a vécue, le transport ferroviaire risque de devenir un véritable problème d'Etat. Primo, la date butoir (mi-février) fixée par le secrétaire général de l'Ugta pour mettre fin à cette crise, arrive, dans une semaine, à son terme. Mais aussi, l'intégration du personnel d'exploitation (contrôleurs, chefs de train...), peut faire de l'ensemble des grévistes une force irrésistible. Quelles sont les entraves qui peuvent, à quelques encablures de cette date limite, empêcher Sidi Saïd de tenir sa promesse? «Maintenant, on comprend parfaitement que sa dernière intervention a été dans le but de calmer les esprits de mes collègues», se désole notre interlocuteur. Une bataille acharnée, et à huis clos, attend les deux camps. Depuis la dernière grève, la situation demeure stationnaire. Un constat amer est établi par l'ensemble des conducteurs contactés par L'Expression. Ce gel de toute activité annoncé, est intervenu dans une conjoncture paradoxale. D'ailleurs, c'est au lendemain de l'acquisition des 17 autorails en provenance d'Espagne, que les «oubliés du pacte social» comptent durcir le ton. Comment acquérir des trains modernes dont le montant avec celui des projets ferroviaires frôle les 11 milliards de dollars tandis que nos revendications (800 dinars par mois pour un conducteur), mesquines soient-elles, demeurent lettre morte? s'interrogent avec beaucoup de peine les protestataires. Se sentant lésés, les mécaniciens exigent de la direction générale l'amélioration des conditions sécuritaires d'un métier jugé «à haut risque.» La pilule est dure à avaler. Pas moins de 11 mécaniciens, rappelons-le, ont péri durant la tragédie nationale dans l'exercice de leur fonction.