De nouveau, après la manifestation monstre du 7 janvier à Ghaza, les partisans du mouvement nationaliste Fatah, venus cette fois de toute la Cisjordanie occupée, se sont dirigés jeudi, par dizaines de milliers, vers la mouqataâ à Ramallah, siège de la présidence, afin de célébrer le 42e anniversaire du déclenchement de la lute armée palestinienne, un certain 1er janvier 1965. La mouqataâ, où était bloqué pendant plus de deux années par l'armée israélienne, le défunt président Yasser Arafat, fondateur du mouvement, et où il a été enterré en novembre 2004, après sa mort, est devenue un symbole de la résistance de ce chef historique du peuple palestinien. Dans un discours prononcé à cette occasion, le président Mahmoud Abbas a assuré qu'il était déterminé à tout faire pour préserver l'unité dans les rangs palestiniens. « Préserver l'unité nationale, bannir et empêcher des luttes internes est notre priorité. Faire couler le sang palestinien est une ligne rouge à ne pas franchir et celui qui le fait est un criminel », a déclaré Abbas en faisant allusion aux affrontements armés ayant opposé dernièrement des militants du Fatah et du Hamas, surtout dans la bande de Ghaza. « Le seul langage qui doit prévaloir est celui du dialogue », a-t-il ajouté. « Nos fusils doivent rester dirigés vers l'occupant et non pas vers les poitrines des uns et des autres parmi les factions palestiniennes », a-t-il crié. Le Hamas et le Fatah sont à couteaux tirés depuis l'annonce par le président Abbas, le 16 décembre, de sa décision de convoquer des élections anticipées, après l'échec de six mois de discussions sur la formation d'un cabinet d'union avec le Hamas. La tension est encore montée d'un cran depuis que le président Abbas a déclaré la semaine dernière « hors la loi » la Force exécutive, mise en place par Saïd Siam, ministre de l'Intérieur issu du mouvement islamiste Hamas. Les violences partisanes ont fait, depuis la mi-décembre, plus de 30 morts mais elles ont baissé d'intensité depuis l'assassinat de Mohamed Ghraieb, colonel au sein de la sécurité préventive ainsi que de 8 autres personnes qui étaient en sa compagnie dans son domicile lors de l'attaque par des éléments de la force exécutive. A propos de la crise politique, Abbas a affirmé que son appel à des élections anticipées « peut être contesté par le recours à la justice » et non pas par la violence. Il a, en outre, répété que les Palestiniens n'accepteraient pas un Etat « aux frontières temporaires », ne renonceraient pas « à un pouce d'Al Qods » et « exigent un règlement juste de la question des réfugiés ». « La colonisation est illégale », a-t-il aussi martelé. De son côté, Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas, s'est approché encore plus de la reconnaissance franche de l'Etat d'Israël, tout en s'éloignant des lignes principales du programme politique du mouvement annoncé lors de la campagne électorale de janvier 2006 et sur la base duquel il a obtenu 67% des sièges du CLP. Alors que le Hamas refusait jusqu'à présent d'admettre l'existence d'Israël, Mechaâl a concédé, mercredi, dans une interview qu'il s'agissait d'une « réalité ». « Il va rester un Etat qui s'appelle Israël, c'est un fait, a-t-il dit. Le problème, ce n'est pas l'existence d'une entité qui s'appelle Israël. Le problème, c'est que l'Etat palestinien n'existe pas. » L'Occident a imposé des sanctions financières au gouvernement palestinien dirigé par le Hamas en raison de son refus de reconnaître Israël, de renoncer à la violence et d'accepter les accords passés. Cet embargo a entraîné une grave crise économique dans les territoires palestiniens. Il s'avère donc que le mouvement islamiste qui s'accroche au pouvoir peut aller bien loin pour pouvoir rester en place. Ainsi la libération de l'ensemble de la Palestine historique n'était qu'un slogan parmi tant d'autres que le Hamas a utilisé dans sa campagne électorale.