A son troisième jour, la 7e édition du Festival culturel national annuel du film amazigh a pris une dimension internationale en projetant la première production libanaise Beyrouth après rasage. Un court métrage de Hani Tamba qui raconte l'histoire d'Abou Milad, un coiffeur qui a perdu son magasin durant la guerre civile libanaise. Depuis, il gagne sa vie comme coiffeur ambulant dans les cafés de Beyrouth. Un jour, M. Raymond, qui vivait en réclusion, demande ses services. Et c'est le début des péripéties, d'énigmes et de suspenses d'une histoire émouvante qui révèle, pudiquement mais, avec une franchise incisive, une partie de la vie du petit peuple libanais, d'un pan de la réalité du pays du Cèdre. Mais c'est le documentaire Beyrouth sous le siège de Rania Stephan qui nous montre de l'intérieur la vie des Beyrouthins pendant le siège. En juillet 2006, et suite à la guerre israélienne contre le Liban, des réalisateurs libanais assiégés filment leur quotidien et envoient de courtes vidéos au monde entier, dans l'espoir de créer une mobilisation internationale. Plus de 35 films ont été réalisés en ce sens. Et l'on peut dire qu'ils constituent, aujourd'hui, une mémoire de la guerre, non dévoyée par les reportages des télévisions occidentales. Dans un point de presse, la délégation libanaise explique le choix d'un cinéma indépendant, d'où le festival Ayam Beirut Al Cinema'iya du Liban. Selon Eliane Raheb, réalisatrice, « avant, on ne voyait pas de films qui nous ressemblaient. Nous avons donc pris notre destin en main pour créer de petits films à petits budgets, tournés dans un petit studio avec une petite caméra. Nous avons, ensuite, créé des liens avec un public producteur sur lequel on pouvait construire. Enfin, on a commencé à monter des ateliers de formation et des forums. Aujourd'hui, avec notre festival, nous aidons les films méditerranéens à être diffusés dans leurs propres pays ». Abondant dans le même sens, Dimitri Khodr, réalisateur, rappelle que « le cinéma libanais est assujetti aux producteurs étrangers, c'est ce qui nous a incités à créer notre propre cinéma, pour ne pas nous soumettre au diktat des étrangers et des discours étatiques ». Le commissaire du Festival du film amazigh, Assad si El Hachimi, commentera justement : « Sur le plan cinématographique, il est intéressant de voir comment ce pays, qui souffre de l'absence d'industrie cinématographique, engage un effort colossal de structuration. La nouvelle génération de cinéastes prend conscience qu'il y a beaucoup à faire pour consacrer une amélioration de cet aspect de la vie culturelle et artistique au Liban. » Et de s'interroger : « N'y a-t-il pas là, pour nos jeunes cinéastes en herbe, des leçons à retenir en matière de courage et de création culturelle ? » Pour promouvoir le cinéma arabe, Cynthia Choucair nous apprendra que son association vient de créer « un site web, en collaboration avec Euro Med cinéma, où des productions cinématographiques seront proposées et donc aidées à être projetées ». Enfin, selon Cynthia toujours, « nous connaissons le cinéma algérien dont le discours est le nôtre ». Le cinéma algérien de quelle époque sommes-nous tentés de dire. Durant le festival de Tlemcen, le public aura le loisir de voir sept films libanais...