Une aubaine aussi pour des cinéastes, des critiques cinématographiques, des stagiaires en cinéma et des cinéphiles bien regroupés et encadrés dans des ateliers. Et en dépit de la désaffection du grand public pour une raison dont les organisateurs eux-mêmes ignorent, le festival bat son plein. Hier, la grande salle a un projet en compétition, un documentaire de 52 minutes, sur le chantre de la culture kabyle, Slimane Azem, qui fut sans doute le chanteur le plus populaire au sein de la communauté immigrée en France. Une légende de l'exil de Rachid Merabet est un témoignage émouvant, un hommage poignant. Une œuvre sous le regard attentif et critique du grand Abderrahmane Bouguermouh, membre infatigabe du jury. Quoique marchant sur des béquilles, suite à un malheureux accident nous dit-on, le réalisateur des Oiseaux de l'été (1978) et Kahla ou beïda (1980) ne s'embarrasse jamais de répondre aux sollicitations des journalistes ou de simples admirateurs. Papillonnant d'une salle à une autre, nous nous engouffrons dans l'atelier de la critique cinématographique, en partenariat avec le festival du film oriental de Genève et de la Fédération africaine de la critique cinématographique. Une petite escapade à l'atelier Littérature et Cinéma, puis à celui de l'Education à l'image pour enfants, en partenariat avec l'association Varlin Pont-neuf de France. Nous longeons une exposition d'affiche de cinéma, depuis la nuit des temps, organisée par un jeune de la ville de Saïda, Adda. Le documentaire de cheïkh Djemaï, vivant à Paris, Nanterre, une mémoire en miroir (2006) était incontournable. Le film évoque l'histoire de la première génération d'Algériens qui vivaient dans les bidonvilles installés sur les terrains vagues de Nanterre. Des images qui soutirent des larmes. Des bidonvilles aux ruelles boueuses que la guerre d'Algérie rattrape en dévoilant les démêlés politiques entre le FLN et le MNA, en lutte pour le contrôle de la communauté algérienne, dans une atmosphère alourdie par la répression française. Un autre pan de notre histoire indélébile. Entre deux entretiens avec la délégation libanaise (Beyrouth après rasage, Beyrouth sous le siège), nous nous faufilons entre les allées sombres pour arriver pile avec la projection de quelques-uns d'entre nous, de la Française Clara Bouffartigue. Une vue panoramique d'Alger regardée par un cœur bienveillant. Nous y reviendrons. Dans la soirée d'avant-hier, comme pour décompresser, les festivaliers ont veillé jusqu'à 4 h avec des groupes de musique de Kabylie et des Aurès, cela valait le déhanchement...