Les responsables de la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT) sont persuadés que le ministère de l'Education nationale est déterminé à opérer un démantèlement des lycées techniques et technicums. Pourtant, le département de M. Benbouzid a rassuré, à maintes reprises, le corps enseignant, les élèves, les parents d'élèves et l'opinion publique de manière générale qu'il n'a jamais été question de supprimer l'enseignement technique, comme il n'a jamais été question de toucher à l'emploi ou à la carrière des enseignants techniques. Rappelons que le 16 janvier, la CNLTT a eu recours à un mouvement de protestation pour s'élever contre cette décision. Une semaine après, les initiateurs du débrayage estiment que la journée de protestation a mis à nu l« 'insidieux » mise à mort de l'enseignement technique par la suppression de 50% des filières. « Les filières restantes ont vu leurs horaires alignés sur ceux de l'enseignement général entraînant une réduction importante des horaires destinés au technique. La part réservée à la pratique a diminué », a souligné un représentant de la coordination. Celui-ci a regretté le fait que le ministère de l'Education ait organisé une rencontre d'information sur cette question sans toutefois associer l'ensemble des syndicats à cette rencontre qui, normalement, intéresse tout le monde. « Seul un syndicat a été invité à cette manifestation, il s'agit du Cnapest. Nous estimons que les déclarations faites par le responsable de ce syndicat, qui dément l'existence d'un sureffectif de 80% des professeurs de l'enseignement technique, ont surpris plus d'un parce qu'elles se font le porte-voix de propositions du secrétaire général du ministère de l'Education », ont lancé les représentants de la CNLTT. Notons que la journée d'information sur les lycées techniques a été animée par le SG du ministère, qui avait alors déclaré que la généralisation des filières techniques mathématiques dans 1500 lycées rendait les inquiétudes de la CNLTT exagérées et irrationnelles. En guise de réponse, la CNLTT n'a ménagé ni le ministère de tutelle ni le syndicat Cnapest et considère, à cet effet, que l'opération d'une éventuelle généralisation de la filière technique mathématiques et économie détachée de la réalité scolaire, du niveau national de mathématiques et de physique, est impossible. « C'est une fuite en avant qu'on peut assimiler à du bricolage. Cette proposition qui a ravi ce syndicat a été avancée après que le ministère ait découvert que les 80% de ses enseignants du technique vont être en sureffectif », a souligné un représentant de la coordination qui est convaincu que cette démarche a été faite pour justifier les affirmations de transfert des enseignants vers la formation professionnelle, démenties quand les premières inquiétudes des enseignants se sont exprimées. Entamant une série d'explications sur ce sujet qui fait l'actualité depuis la rentrée scolaire, la coordination pense que « l'augmentation du taux d'orientation de 30% d'élèves vers les filières techniques mathématiques est improbable sauf si on veut transformer une filière d'excellence en filière de relégation. Dans la spirale vertigineuse des déclarations contradictoires du ministère de l'Education par la voix du coordinateur du Cnapest, nous nageons en pleine frénésie collective ». Pour la CNLTT, la seule alternative possible pour sortir de ce projet (démantèlement des lycées) est de renforcer ce qui existe déjà en rouvrant les filières qui ont été supprimées et en apportant une rénovation de la méthodologie de l'enseignement technique qui doit intégrer des savoir-faire et des savoirs nouveaux transférables, opérationnels et pluridisciplinaires. Le 8 février prochain, la CNLTT organise une rencontre nationale sur ce thème et les syndicats vont tenter de proposer des solutions à ce problème.