Plus le singe monte haut, plus il montre son postérieur », peut-on lire sur l'une des œuvres abstraites du plasticien Mohamed Massen. Sa maison est un musée d'œuvres artistiques où se mélangent les styles sans concurrencer l'expression libérale de l'auteur. Ses peintures ou ses sculptures sont accrochées ou suspendues aux murs pour permettre à l'artiste de se retrouver. Des repères ou de simples balises, les œuvres de Massen sont comme les pierres du Petit poucet, elles lui montrent le chemin. Tantôt vers son atelier, tantôt vers l'intérieur de la maison qui se veut être l'âtre de la réflexion artistique. « L'Année de la culture arabe à Alger va ouvrir le champ à l'artiste pour se mesurer à ce qui se fait dans les autres pays arabes », explique Mohamed Massen. Pressenti pour participer à la manifestation en tant que critique, l'artiste s'enthousiasme à l'avance des richesses qui pourront être échangées. « La seule lucarne que nous avons c'est la télévision, mais sinon l'artiste algérien est mis en quarantaine depuis plus de 15 ans », exprime le plasticien. Il pointe du doigt l'absence de littérature sur les arts plastiques et déplore l'absence de revues algériennes ou étrangères distribuées en Algérie. Pour Massen, il n'y a pas une grande production d'œuvres d'art et ce vide a été investi par une production de qualité médiocre. « Des artistes, qui n'avaient ni formation ni expérience suffisantes, ont pris place dans les galeries », explique l'artiste. Galeries qui sont rares, selon M. Massen quand on compare leur nombre à New York qui en compte 1200 ou même au Maroc qui en possède 10 fois plus qu'ici. Le marché de l'art non plus n'est pas des plus florissants. Il bataille entre des artistes dont la matière première pour leur production, telle que les toiles ou les pinceaux, coûte des prix exorbitants. Et parallèlement, lorsque le public est intéressé, il ne peut se permettre d'acheter une toile et se contente bien généralement d'un chromo ou d'une copie. Boutadjine ne veut pas circonscrire l'art à la culture arabe. Boutadjine a fait l'Ecole des beaux-arts à Alger. Depuis 1988, l'artiste peintre vit en France et mesure ainsi davantage l'écart qui nous sépare des grandes manifestations culturelles. Mustapha Boutadjine milite pour la réouverture des galeries fermées au fur et à mesure que les artistes s'exilaient. Il n'a pas été sollicité pour l'Année de la culture arabe, mais déclare ouvertement que de toute façon, il n'aurait pas voulu y participer. L'artiste peintre pestera sur les années de terrorisme qui ont enterré les vraies manifestations culturelles. Parce qu'il a été chef de département à l'Ecole des beaux-arts, Mustapha Boutadjine estime que l'Etat doit donner les moyens à la formation en créant les structures nécessaires. « On doit mettre le pétrole au service de la culture », conclut l'artiste.