L'eau fuit de partout à Béjaïa. A chaque ouverture des vannes, le précieux liquide s'en va finir dans les caniveaux. Les nouvelles cités qui poussent à la périphérie occupent le sommet du hit-parade dans le nombre de points de rupture du réseau d'eau potable. Pour l'anecdote, l'une de ces fuites fait face à… l'agence locale de l'Algérienne des eaux (ADE), à la cité Seghir. Le directeur général de l'ADE pour la wilaya de Béjaïa, M. Dehdouh, explique la multiplication des ruptures de conduites par la vétusté du réseau qui se révèle alors vulnérable face à un sol qualifié d'agressif. L'autre cause est, selon M. Khentache, chef de centre de Béjaïa, le branchement des particuliers sur le réseau tertiaire, au niveau des nouveaux quartiers avec un diamètre des conduits inférieurs à 80 mm. D'où donc également un éclatement des conduites sous l'effet de l'étranglement du débit. L'ancienne ville, fera-t-il remarquer, échappe en général à ce genre d'accidents car celle-ci n'enregistrant jusque-là aucune nouvelle construction, autrement dit aucune extension du réseau d'AEP dont le dimensionnement reste suffisamment adapté aux débits lâchés. Le constat est édifiant quant à la nécessité, préconise M. Khentache, de penser un réseau par rapport à un horizon. C'est au demeurant dans une telle optique, annonce M. Dehdouh, qu'une étude de réhabilitation du réseau de la ville est engagée par un groupement de bureaux d'études algériens en partenariat avec une société portugaise. L'étude, qui théoriquement prendra fin l'année en cours, portera sur le diagnostic de l'état général du réseau et sur sa réhabilitation totale. On croit savoir que promesse a été faite par le ministère de l'Hydraulique d'engager les travaux de réalisation dès l'étude terminée. La rénovation du réseau est jugée indispensable dans la perspective de mise en service du barrage de Tichy Haf. En attendant, l'ADE n'est pas restée les bras croisés. Pour en finir avec la dizaine de fuites enregistrée quotidiennement, une enveloppe de 400 millions de dinars a été débloquée. Une rénovation avec de la fonte (une technique à généraliser pour les terrains agressifs) a déjà touché les cités Seghir, Bensedka, 5 Juillet, CNEP, Sidi Ahmed (camp inférieur), la zone industrielle, les Quatre Chemins et, en cours, les cités Aouchiche, Zerrara et Pépinière. De même qu'il a été procédé à la rénovation des équipements électromécaniques au niveau des châteaux d'eau. Un groupe électrogène de 1200 kva acquis au bénéfice de la station centrale, où est concentrée toute la ressource, permettra d'éviter que soit rompue la distribution en cas de grande panne d'électricité. On continue toutefois à limiter les tranches de distribution, « en l'absence d'autres mobilisations de ressources ». Les 42 000 m3 fournis par les 3 champs captants de oued Djemaâ, oued Zitoun, oued Agrioun et la source de Bordj Mira « permettent juste de maintenir les proportions habituelles ». A moins que Tichy Haf vienne vite à la rescousse…