En dépit des démentis successifs du ministre en charge du secteur et du secrétaire général de l'ONM, l'affaire des faux moudjahidine est loin d'être enterrée. Les dernières sorties médiatiques de Mustapha Bougouba et du colonel Ahmed Benchérif, insistant sur la nécessité d'assainir les rangs des moudjahidine, ont remis l'affaire en question au devant de la scène. En effet, des officiers de l'ALN, des ex-cadres de l'Etat, des enfants de chouhada, des historiques et des moudjahidine semblent décidés à prendre en main la question. Ces derniers ont, à l'issue d'une réunion organisée hier à Alger, décidé de créer une association pour débusquer les usurpateurs du titre de moudjahid. La réunion s'est tenue, selon Benyoucef Mellouk, ex-cadre du ministère de la Justice, connu pour être le principal dénonciateur des « magistrats faussaires », au domicile du colonel Ahmed Ben Chérif. Ce premier conclave, auquel ont pris également part des délégués des six wilayas historiques, a permis, selon notre source, de dégager un bureau provisoire composé de six membres pour cette association dénommée Association de lutte contre les faux moudjahidine. Présidé par le colonel Ahmed Benchérif, ce bureau est composé également du colonel Mustapha Abid (ex-responsable de la wilaya V) du docteur Nabila Benboulaïd (fille du chahid Mustapha Benboulaïd), de Amar Melah (fils du chahid Ali Melah), de Bensaïd Ahmed (ex- responsable de l'Association des enfants de chouhada) et de Benyoucef Mellouk (moudjahid et ex- cadre du ministère de la Justice). Cela dit, les concepteurs de cette association comptent amorcer leur travail à partir d'Oran (wilaya historique V) où ils tiendront des réunions et des conférences autour de la question de faux moudjahidine. Des rencontres similaires sont également prévues à Blida (IV), à Tizi Ouzou (III), Khenchela (I), Skikda (II) et Biskra (VI). Objectif : installer des bureaux régionaux pour cette association. Pour revenir à la l'idée de la création de cette association, tout a commencé lorsque Benyoucef Mellouk a été approché par d'importants acteurs de la révolution algérienne. « J'ai accepté parce qu'il y a volonté de prendre en main sérieusement ce dossier », a déclaré M. Mellouk. Licencié de son poste de chef de service du contentieux au ministère de la Justice, Mellouk fera deux fois de la prison pour avoir osé dénoncer les faussaires qui ont touché toutes les institutions de l'Etat. Aujourd'hui, il affirme détenir 132 dossiers qui concernent des « magistrats faussaires » ainsi qu'une liste de 328 noms, dont les dossiers ont disparu. En 2004, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, a reconnu l'existence de 10 000 faux maquisards. Un chiffre qui semble « dérisoire » si on s'en tient aux observateurs qui se sont prononcés jusque-là à cet effet.