Benyoucef Mellouk, qui avait fait éclater le dossier des magistrats faussaires depuis 1992, n'a pas manqué une nouvelle fois de crier à la manipulation dans cette affaire. Il dénonce ce qu'il qualifie de « revirement » de l'ONM, du ministère des Moudjahidine et de toutes les associations politiques et révolutionnaires dans cette affaire. « Je demande au secrétaire général de l'ONM, Saïd Abadou, ainsi qu'aux ministres de la Justice et des Moudjahidine une confrontation devant l'opinion publique et la presse », dira M. Mellouk, reçu à la rédaction d'El Watan. Il ajoutera : « Je suis prêt à subir les conséquences si j'ai menti quant à ce dossier. Je suis prêt à leur remettre les originaux des dossiers pour lesquels j'ai été condamné pour divulgation de secrets, et ce, pour arrêter toute manipulation des institutions de l'Etat ainsi que l'appareil judiciaire qui était complice dans cette affaire. » L'ex-directeur du contentieux de la justice n'a pas manqué également de s'en prendre à l'ex-colonel de la Gendarmerie nationale, Ahmed Benchérif, qui n'aurait, selon lui, « pas tenu parole ». « Pourquoi ce silence sur les noms qu'il avait promis de divulguer, l'affaire des faux moudjahidine et des magistrats faussaires », s'interrogera-t-il. « Je veux le provoquer d'autant qu'il avait annoncé devant la presse qu'il ne reculera plus », dira-t-il. Avant de poursuivre : « En tant qu'historique, s'il se démarque de cette affaire ; c'est très grave pour l'histoire de tout un peuple et la vérité sur ce dossier. » Il affirme : « Benchérif était de bonne foi au début, par la suite il aurait subi des pressions. » Il invite Benchérif à s'exprimer devant l'opinion publique. Cela en réaffirmant que son « combat » continue, car pour lui, « c'est un devoir de vérité jusqu'à ma mort ». Ahmed Benchérif est, pour rappel, le président de l'Association nationale de lutte contre les faux moudjahidine. Cette association, créée le 20 janvier dernier, a pour objectif d'assainir les rangs des moudjahidine et de débusquer les usurpateurs de ce titre. M. Mellouk défie Saïd Abadou de se prononcer sur l'affaire des magistrats faussaires dont ils avaient reçu les dossiers en mains propres. Il réaffirme avoir remis le dossier des faux moudjahidine à Saïd Abadou à deux reprises, une fois lorsqu'il était ministre des Moudjahidine, en présence de son conseiller Hadj Ben Safer, et la deuxième fois quand il était SG par intérim de l'ONM en présence de l'ancien ministre des Affaires religieuses, Mokrane Abdelhafid, capitaine de la Wilaya III. « C'est très grave. A quand cette histoire de nos martyrs et de la révolution sera faite ? », s'est-il interrogé. Avant d'ajouter : « S'il y a des entraves dans cette affaire, ce sont des gens très puissant dans le système qui veulent étouffer l'authentique histoire, car ce sont eux les faussaires. » Il accusera « des clans puissants dans les rangs des moudjahidine ». A ses yeux, « il y a aussi d'authentiques moudjahidine, par leur silence complice, car ils ont des intérêts qu'ils ne veulent pas perdre ». Licencié de son poste de chef de service du contentieux au ministère de la Justice, Mellouk fera deux fois de la prison pour avoir osé dénoncer les faussaires. Aujourd'hui, il affirme détenir 132 dossiers qui concernent des « magistrats faussaires » ainsi qu'une liste de 328 noms dont les dossiers ont disparu, « bien que j'en ai fait part, en 1992, au juge d'instruction de la cour d'Alger », souligne-t-il. En 2004, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, a reconnu l'existence de 10 000 faux maquisards. Un chiffre révélé pour la première fois par un officiel même s'il semblait « dérisoire », selon les observateurs.