La sécheresse qui continue de sévir a nettement affecté la production oléicole. Les pertes sont énormes, et au niveau de la direction des services agricoles (DSA), on estime la chute occasionnée à 30 %. « Il faut s'attendre à une flambée du prix du litre d'huile cette année », avance M. Daoud, cadre à la DSA. Chose qui se confirme déjà puisque le litre d'huile d'olive qui n'a jamais dépassé les 200 DA se vend déjà à 300 DA. « Au 8 janvier, la récolte d'olives n'a été que de 86 000 q, alors que nos prévisions tablaient sur 130 000 », ajoute M. Daoud . Plus explicite, il dira : « Les quelque 4300 ha récoltés cette année n'ont produit que 86 000 q d'olives, soit une baisse de 20 % par rapport à celle prévue. Cela s'est réfléchi sur la production en huile puisqu'au 8 janvier, on n'a comptabilisé que 12 800 hl, soit une perte de près de 7 000 hl par rapport aux prévisions. » Une importante régression par rapport à la production de l'année 2005 (année record) qui avait à titre de rappel été l'une des plus fastes en production d'huile avec près de 40 000 hl et un rendement par hectare qui avait atteint des pointes de 30 l. Pour cette année, le rendement n'est que de 15 l/q. Chose qui influe sur les huileries. « Les échos qui nous sont parvenus des différentes régions à fort potentiel oléicole et les visites sur sites que nos services effectuent laissent déjà présager que les huileries auront à vivre une année assez difficile », avance M. Daoud, qui renchérit : « Les transformateurs qui ont eu déjà à triturer la production de cette année,affirment que le rendement se limite entre 12 et 16 l/q en fonction de la région. Ils nous ont aussi fait part de la flambée du prix du quintal d'olives qui est passé carrément du simple au double ». Les transformateurs qui payaient jusque-là le quintal d'olives à triturer à 2000 DA se sont trouvés cette année obligés de l'acheter à 4000 DA, voire 4500. Résultat : l'huile est cédée sur le marché local à 300 et 350 DA/ le litre. L'ETAT A JOUE LE JEU... Selon les mêmes services, cette situation, jugée assez néfaste aussi bien pour l'ensemble de la chaîne oléicole que pour le consommateur, est une conséquence directe des considérations météorologiques. « L'olivier a énormément souffert du manque d'eau et des grosses chaleurs qui ont concerné la région durant la période allant du mois de mars jusqu'au mois d'octobre », explique-t-on. Et d'ajouter : « On a même relevé au courant de l'été dernier une chute assez conséquente des fruits qui gisaient sous le pied des oliviers. Ce phénomène présageait déjà d'une mauvaise saison oléicole. Cependant il y a lieu de noter que paradoxalement, certaines régions, comme Tamalous à titre d'exemple, ont enregistré une production assez honorable, dépassant de loin celle des autres régions. Nous expliquons cela par les prédispositions propres à cette région qui constitue un microclimat singulier ». D'autres facteurs sont tout aussi néfastes sur les oliveraies locales que la sécheresse. On peut en citer la pratique du gaulage. Elle « est dévastatrice pour l'olivier. Elle détruit les jeunes pousses et peut facilement occasionner une perte de près de 20 % de la récolte. C'est cette pratique qui fait que nos agriculteurs se disposent à admettre que la récolte d'un olivier alterne d'une année à une autre. L'olivier ne saisonne pas et c'est là une thèse totalement fausse ». D'autres contraintes propres à la wilaya de Skikda, comme les considérations géographiques y sont pour cette baisse de la production. D'abord, près de 70 % des superficies plantées d'oliviers se situent dans des zones montagneuses au relief très accidenté. Ce qui empêche toute tentative de mécanisation de la cueillette et de bannissement du gaulage. Certains propriétaires ne procèdent ni aux travaux culturaux nécessaires ni à la taille annuelle. La chute de la production enregistrée cette année ne devrait pas pour autant éclipser les efforts consentis ces dernières années par la filière. Il est bon de savoir que la superficie totale occupée par l'olivier est passée de 4 865 ha au début des années 2000 à 8877 ha à ce jour. M Daoud dira à ce propos : « Depuis l'avènement du plan national de développement (PNDA), on a planté 345 ha auxquels s'ajoutent 2500 ha dans le cadre des concessions agricoles au niveau des périmètres de Beni Oulbène-Oum Toub et Guerbès-Zaïtria et Mekassa. Parallèlement aux actions d'implantation, nous avons aussi réalisé un ensemble de travaux pour accompagner la mue vécue par la filière ». Et de noter que l'Etat a accordé plus de 9 milliards de centimes pour la taille de plus de 50 000 sujets, et le greffage de près de 29 000 autres. Il citera aussi la réalisation de 3860 cuvettes de rétention. Une action qui devrait atténuer un tant soit peu le risque naturel de la sécheresse en espérant qu'en 2007, l'huile coulera à flots.