L'affaire Khalifa n'est pas une affaire d'Etat. Elle n'est donc pas une affaire politique. C'est un scandale financier. Le dossier est aujourd'hui entre les mains de la justice, alors laissons celle-ci situer les responsabilités », a indiqué Ahmed Ouyahia, patron du RND, lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'hôtel El Bahia, à Alger, à l'issue de la réunion qui a regroupé les coordinateurs des 48 wilayas de cette formation. M. Ouyahia s'est abstenu tout au long du point de presse, qui a duré deux heures, de commenter cette affaire. Il a tenu, toutefois, à montrer, en faisant une sorte de rétrospective – manière évidemment de se défendre –, qu'au moment des faits il n'était pas chef de gouvernement. Ahmed Ouyahia a précisé, à ce propos, que sa nomination à la tête du gouvernement, il y a de cela neuf ans, a eu lieu le 16 décembre 1998, et qu'il a été ministre de la Justice durant la période allant du 23 décembre 1999 à la mi-juin 2002 et qu'à cette même époque la justice avait été saisie de ce dossier. « Je vous invite à consulter les archives, mais il y a lieu de rappeler que le ministre de la Justice n'est ni la tour de contrôle ni un chef d'équipe qui ordonne au tribunal de faire ceci ou cela », a lancé le conférencier. Il fera également remarquer à l'assistance composée de cadres de cette formation et de journalistes, qu'ayant une connaissance des textes de loi, il existe la présomption d'innocence et la présomption de culpabilité et que jusqu'à l'heure actuelle tout le monde est innocent. Pour couper court à toutes les spéculations, M. Ouyahia insistera sur le fait que sa position par rapport à cette affaire n'a pas changé d'un iota. « Je maintiens ce que j'ai dit en 2003 : l'affaire Khalifa est le scandale du siècle. Cependant, je tiens à vous dire que des scandales beaucoup plus importants que celui-ci se sont produits dans d'autres pays », a-t-il déclaré en précisant plus loin que ce n'est pas parce que cette affaire a éclaté en Algérie que le pays va être boycotté par ses partenaires. M. Ouyahia appuie ses propos par des exemples concrets : « Des scandales financiers ont touché d'autres pays en Europe et aux Etats-Unis, mais cela n'a pas conduit les investisseurs à les déserter. » Le patron du RND regrette, toutefois, que dans notre pays, la société ne prenne pas en considération les principes de droit. « A la lumière des comptes rendus des auditions, en Algérie, il ressort que nous avons besoin de promouvoir les principes du droit, surtout lorsqu'on a entendu des accusés répondre par des expressions du genre la banque appartient à Khalifa. » Belkhadem n'a pas demandé de changement de gouvernement Sur un autre chapitre portant sur un éventuel changement de gouvernement, le RND ne classe pas cette question parmi ses premières préoccupations. Pour l'ex-chef de gouvernement, un remaniement n'est pas un gâteau à partager, un changement de gouvernement relève exclusivement des prérogatives du chef de l'Etat et, à cet effet, aucune partie, quel que soit son emplacement, n'a le droit de lui dicter la conduite à suivre. « Au nom de quoi nous allons demander un changement de gouvernement ? Cette affaire est du ressort du Président en vertu de la Constitution », a affirmé M. Ouyahia. Invité alors à donner son point de vue par rapport à la démarche de Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, quant à sa demande adressée au chef de l'Etat pour un changement de gouvernement, M. Ouyahia a surpris plus d'un par sa réponse : « M. Belkhadem nous a confié qu'il n'a jamais déclaré aux journalistes avoir saisi le chef de l'Etat pour lui demander d'opérer un changement au sein du gouvernement. La presse, de l'avis de Belkhadem, a déformé ses propos », a lancé sur une pointe d'humour M. Ouyahia. Abdelaziz Belkhadem aurait peut-être oublié qu'il était en direct sur les ondes de la radio algérienne Chaîne II lorsqu'il avait fait part de cette « information inédite » ! Ouvrant le registre des élections et sollicité pour savoir si le RND se joindra aux partis politiques qui demandent la mise en place d'un gouvernement de technocrates en prévision des prochaines élections, M. Ouyahia a estimé que la dernière révision de la loi électorale offre des garanties supplémentaires aux partis quant à la surveillance des élections. « La première préoccupation des citoyens est la prise en charge de leurs problèmes. Nous ne sommes pas partisans de la fraude généralisée », rétorquera-t-il. Revenant au conclave de ce week-end consacré à l'évaluation des activités du parti et les projections pour 2007, il ressort que les préparatifs des prochaines échéances électorales constituent les principaux points du plan d'action du parti pour l'année 2007. M. Ouyahia a affiché sa satisfaction quant aux résultats obtenus lors des élections sénatoriales. Pour lui, sa formation n'a pas reculé, bien au contraire. Selon lui, le RND a réalisé un bon score qui n'était pas attendu. L'ambition du parti, selon M. Ouyahia, est de disposer à l'issue des élections législatives prochaines d'un groupe parlementaire à l'APN. Dans ce contexte, il a indiqué que sa formation entrera dans la course aux élections avec ses propres listes dont l'élaboration se fera d'une manière démocratique en prenant en considération l'environnement social, à savoir les électeurs. Evoquant l'idée de tenir des élections législatives et locales en même temps, le conférencier a fait savoir que même si un consensus se dégage autour de cette proposition, cela demande beaucoup de réflexion, outre des modifications de la loi qui délimite, dans le temps, des mandats électoraux. « Il est impossible d'organiser trois élections en même temps », estime-t-il. Concernant l'Alliance présidentielle, M. Ouyahia a souligné que son mérite est d'être constituée autour du programme présidentiel, sur la base de principes contenus dans une charte, regrettant qu'en Algérie, il n'y ait pas encore d'alliances qui se forment autour d'une vision, d'un programme, comme cela existe dans d'autres pays. A signaler que le RND a choisi la ville de Constantine pour la célébration de son 10e anniversaire. Ce choix est guidé par le souci de rendre hommage à feu Abdelhak Benhamouda, assassiné le 27 février 1997. Un homme qui fut l'un de ses principaux concepteurs.