Ali Tounsi a déploré les réticences de la police et de la justice britanniques à apporter leur soutien dans le traitement de cette affaire. “Il (Abdelmoumène Khalifa Ndlr) est à Londres. L'ambassadeur de Grande-Bretagne dit qu'il n'a jamais reçu d'avis de recherche alors que nous le lui avons transmis. Ceci entre dans des considérations politiques qu'on ne maîtrise pas”, a déploré Ali Tounsi au cours de la conférence de presse qu'il a animée hier. Le Directeur général de la Sûreté nationale a également fait valoir l'inexistence de convention d'extradition entre l'Algérie et le Royaume-Uni. “Ce genre de conventions nous lie à des pays arabes. L'Arabie Saoudite a transféré vers l'Algérie 7 terroristes recherchés.” Le patron de la police ne dira pas plus sur les réticences des services de sa majesté à prêter main forte aux services de la police et de la justice algériennes dans sa traque contre le golden boy. Le patron déchu de l'empire Khalifa, aujourd'hui réfugié dans la capitale anglaise, est revenu sur la scène médiatique, en faveur des dernières déclarations du ministre de la Justice. Dans une récente conférence de presse, Tayeb Belaïz a promis de déférer devant les tribunaux tous ceux qui ont trempé dans l'affaire Khalifa et bénéficié des largesses de l'ancien homme d'affaires. “J'ai décidé d'ouvrir ce dossier sous tous ses aspects. Et tous ceux qui ont participé ou en ont bénéficié seront sanctionnés”, a promis le garde des Sceaux. Par quel miracle, toutefois, la justice pourra-t-elle se saisir de cette affaire, si le principal accusé est hors de sa portée ? L'annonce du chancelier, comme celle relative à la suppression de la peine de mort, servait, en fait, à faire diversion et à occulter les procès contre la presse. Sinon comment expliquer l'exhumation maintenant alors que le scandale remonte à plus d'une année. C'est au printemps 2003 que l'affaire Khalifa a éclaté au grand jour. La Banque d'Algérie avait décidé alors de geler les avoirs d'El Khalifa Bank et de nommer un liquidateur. De graves soupçons pesaient sur les missions de cette banque, transformée en gigantesque machine de blanchiment d'argent. En s'effondrant, le colosse aux pieds d'argile a laissé sur le pavé 14 000 employés réduits au chômage. Des centaines de déposants ont également fait les frais de cette débâcle financière. Selon le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, Abdelmoumène Khalifa a coûté au contribuable algérien 120 milliards de dinars. En août dernier, un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui par Interpol. D'après Ali Tounsi, cet organisme a accompli sa mission, dès lors qu'il l'a localisé. Scotland Yard avait également diligenté une enquête. Mais elle est restée sans suite. “Les considérations politiques” évoquées par le DGSN y sont sans doute pour quelque chose. À son tour, la police française a ouvert le dossier Khalifa en décembre. Elle s'intéresse aux nombreuses richesses détenues par l'ex-milliardaire en Hexagone. S. L.