Au moment où le procès Khalifa entame sa troisième semaine, un autre procès se déroule, celui de la BCIA. Cette autre banque privée est accusée de malversations et d'un préjudice financier de l'ordre de 13 milliards de dinars. La concordance des deux procès pourrait faire croire à cette réforme bancaire que tout le monde attend. Ce n'est pas le cas, les deux escroqueries étaient simplement trop grosses pour passer et les autorités y ont mis fin. A l'issue des deux affaires, il est évident que l'Etat a failli dans son rôle de contrôleur et les conséquences, en plus des trous creusés dans les budgets publics, sont déjà connues ; un agrément pour une banque ou une compagnie d'aviation privée relève de la science-fiction et le fonctionnement des banques publiques, déjà très lourd, s'est alourdi encore plus. Est-ce la faute des escrocs qui pullulent dans les circuits économiques ou celle de l'Etat trop fainéant pour tout vérifier ? Les Algériens ne sont évidemment pas plus voleurs que les autres. A eux d'activer dans les secteurs économiques, à l'Etat de contrôler, de réguler et de surveiller. Et surtout à encourager l'esprit d'entreprise et la circulation des capitaux. Le régime, qui n'est pas l'Etat, est-il économiquement liberticide ? Son argument est connu : « Nous n'avons pas les moyens de tout contrôler. » C'est pour cette raison qu'entre autres, les importateurs ont été contraints à fermer, limités par la loi pour que l'Etat puisse contrôler le peu qu'il en reste, avec un manque à gagner évident pour tout le monde. Même état d'esprit pour les tv et radios privées, le régime, avouant qu'il ne pourra les contrôler, les interdit donc. Le régime-Etat est-il partial ? Pas vraiment. Dans le cas de BRC, l'entreprise algéro-américaine, accusée de surfacturation, le verdict a été autre. Elle a été dissoute, simplement. C'est une autre forme de justice.