Bien des préjugés seront bousculés ! Un Arabe musulman, le député travailliste Ghaleb Majadleh, 53 ans, a été appelé, hier, pour la première fois depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, à siéger au gouvernement. Réuni en séance hebdomadaire, le gouvernement a entériné sa nomination comme ministre sans portefeuille. Lors du vote, seul le ministre des Affaires stratégiques, Avigdor Lieberman, chef de la formation d'extrême-droite, Israël Beitenou, a exprimé son niet. Cette nomination a, aussitôt, fait des vagues au sein de la classe politique en Israël. « C'est une décision historique importante en faveur de l'égalité et de la paix dans la région », a affirmé le ministre de la Défense, Amir Peretz, chef du parti travailliste. Le tout nouveau ministre, visiblement comblé, dira sur les ondes de la radio israélienne : « Aujourd'hui, les citoyens arabes d'Israël ont eu le sentiment d'appartenir au pays et que 20% de sa population était maintenant représentée au gouvernement. » Il ajoute que « la première nomination d'un Arabe musulman dans l'histoire d'Israël représente un geste en direction de la communauté des Arabes israéliens pour défendre leurs revendications d'égalité sociale. » Il faut souligner que les Arabes d'Israël représentent 20% de la population du pays, soit 1,3 million de personnes. Ils sont les descendants des Palestiniens restés sur le territoire de l'Etat juif, après sa création, en 1948. Ils se considèrent comme les laissés-pour-compte de la société. La désignation de cet Arabe musulman ne semble guère susciter l'enthousiasme chez certains députés arabes d'Israël. « L'entrée au gouvernement de Ghaleb Majadleh causera du tort aux citoyens arabes. Elle ne change non seulement rien à la politique de discrimination raciste de l'Etat mais elle la légitime », a déclaré le député Jamal Zahalka. Les commentateurs israéliens ont vu dans cette nomination une manœuvre du chef du parti travailliste, Amir Peretz, pour renforcer ses positions au sein de sa formation, affaiblies par les ratés de la guerre au Liban, l'été dernier. M. Majadleh devait initialement prendre le portefeuille de la Culture, des Sciences et des Sports du travailliste Ophir Pinez Paz resté vacant après sa démission. M. Majadleh a espéré que le Premier ministre israélien lui attribue rapidement un portefeuille « afin que la joie et l'événement historique réalisé aujourd'hui soient complets ». M. Majadleh est un ancien homme d'affaires élu député en 2004. Avant son entrée au Parlement, il a rempli diverses fonctions au sein de la puissante centrale syndicale israélienne Histadrout, un bastion travailliste, dont M. Peretz a été le patron.