L'audition, samedi, en tant que témoin de Mourad Medelci, l'actuel ministre des Finances, par le tribunal criminel de Blida devrait probablement convaincre ceux qui, nombreux au sein de l'opinion, n'osaient pas miser jusque-là le moindre kopeck sur Mme la juge Brahimi et sa capacité à situer les responsabilités dans le krach de la banque de Abdelmoumen Khalifa, de nuancer leur position à l'avenir. Qu'on le veuille ou pas, le témoignage de M. Medelci risque d'avoir pour effet de faire reculer les fameuses « lignes rouges » dont tout le monde parle et qui auraient été soigneusement posées pour faire du procès un pétard mouillé et épargner les personnalités du sérail qui y seraient éventuellement impliquées. Car, au-delà de la franchise avec laquelle il a répondu aux nombreuses interrogations de la juge chargée du volumineux dossier Khalifa, M. Medelci a surtout fourni des arguments à la pelle pour faire comprendre que le scandale financier n'a été possible que parce que la chaîne de responsabilité a failli de la base au sommet. Et ici, le sommet était, au moment des faits, selon le témoignage de Mourad Medelci, le gouvernement. Cela dans la mesure où celui-ci avait été informé des risques que faisait courir le groupe Khalifa aux finances de l'Etat. Il n'y aura donc pas à s'étonner si la juge décide, dans les jours prochains, de convoquer des personnes dont les noms n'apparaissent pas pour le moment dans l'ordonnance de renvoi. Si cela va jusque-là, l'affaire prendra fatalement les caractéristiques et les contours d'une véritable affaire d'Etat (à ne pas confondre avec la notion de raison d'Etat), cela par le simple fait qu'elle aura éclaboussé un nombre record de responsables en fonction. Et encore, il faudrait s'attendre à d'autres surprises. Après tout, il ne s'agit là que du procès de la caisse principale d'El Khalifa Bank. Lorsque la justice décidera d'ouvrir les dossiers explosifs de Khalifa Airways et des transferts de devises à l'étranger, il est probable que de nombreuses autres têtes tombent.