Interrogation n Comment la vente d'une villa héritée d'un père peut-elle mener à la construction d'un «empire» ? Le procès Khalifa Bank entamé lundi dernier à la Cour criminelle de Blida, tente de reconstituer le puzzle d'une affaire qui, en éclaboussant presque toute l'Algérie, défraie aujourd'hui la chronique par les accusations des uns et les aveux des autres. Un procès que d'aucuns pensaient, avant qu'il ne débute, qu'il n'aurait jamais lieu tant ses ramifications politico-financières étaient nombreuses. Rafik, le golden Boy, vadrouillant quelque part chez Sa Majesté la Reine en attendant son extradition, n'est pas là mais dans le box des accusés, il y a plein de monde. Des ministres sont cités comme témoins, d'autres sont accusés d'avoir obtenu des largesses, des hauts responsables et des figures sportives sont cloués au pilori. On s'échange les remontrances et les diatribes. Des victimes, dont tout l'argent a été englouti dans les fonds de la banque des «scandales», disent avoir été la cible du hold-up du siècle. Dans ce charivari, Mme Fatiha Brahimi, la présidente de la Cour, mène les débats d'une main de maître. Voulant politiser le procès et lui donner donc une autre tournure, des avocats demandaient, dès l'entame, la comparution de personnes non inscrites dans le dossier. Comme Ahmed Ouyahia par exemple. La présidente refuse, mais annonce tout de même que «personne n'est au-dessus de la loi». Sur les 104 mis en cause, 41 sont dans le box des accusés et devront rester en prison jusqu'à la fin du procès, alors que les autres, poursuivis pour des délits, seront jugés tout en étant en liberté. La premier point à faire dans ce procès, c'est de comprendre comment l'arnaque a eu lieu. On fait passer des témoins à la barre. Fait inédit, pour la première fois la justice algérienne s'est illustrée par la citation, en tant que témoins, de trois ministres en activité. Mourad Medelci, ministre des Finances, et Karim Djoudi, ministre délégué chargé de la Réforme bancaire, ont répondu présents, Aboudjerra Soltani, ministre d'Etat sans portefeuille, représentant du président de la République, ne s'est présenté, lui, que le quatrième jour. Il était venu défendre la cause de son frère, cité dans le rapport de la justice en tant qu'accusé. De nombreux dirigeants d'entreprises nationales et de caisses sociales figurent parmi les 104 accusés dans l'affaire Khalifa. Ils sont accusés d'avoir touché des commissions en contrepartie de la domiciliation de l'argent de leurs entreprises à la banque Khalifa. Accusé, lui, de n'avoir pas réagi à temps après avoir pris connaissance, dès 1999, de dysfonctionnements au sein de la Khalifa Bank, Abdelouahab Keramane, ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, est cité en lettres capitales dans l'arrêt de renvoi, mais ni lui, ni son frère (ex-ministre) ni sa fille, tous trois inculpés, ne se sont présentés au tribunal. Une procédure de contumace est immédiatement enclenchée à leur encontre. Dans une lettre collective, la famille Kermane dénonce ce qu'elle appelle «un simulacre de justice»