L'Algérie serait-elle devenue le marché poubelle des pays européens en matière de certains produits importés, notamment l'électroménager ? Les révélations du directeur général de l'Institut algérien de la normalisation (IANOR), Mohamed Chaieb Aïssaoui, ne le laisse entendre que fort bien . D'après lui, la plupart des produits commercialisés sur le marché local, tels que les réfrigérateurs et les cuisinières, ne répondent ni aux normes internationales, ni aux normes européennes, ni aux normes algériennes. « Ces produits sont à l'origine d'une surconsommation d'énergie et sont dangereux pour l'environnement. D'ailleurs, les produits commercialisés en Algérie ont été déclassés (interdits) en Europe », révélera M. Aïssaoui. Il faut dire qu'un vide juridique en matière de normalisation a longtemps profité aux producteurs et importateurs véreux qui ne se soucient guère de la qualité des produits qu'ils proposent aux consommateurs algériens. La situation du marché est telle que le pays ne peut se permettre de laisser entrer des produits de seconde qualité, dangereux pour la santé publique et nuisibles à l'environnement. Que doit-on faire ? « Les produits qui touchent à la sécurité, à la santé des personnes et/ou des animaux et des végétaux et à l'environnement font l'objet d'une certification obligatoire », selon l'article 22 de la loi 04-04 relative à la normalisation promulguée en juin 2004. Ce nouveau dispositif réglementaire concerne, entre autres, les produits alimentaires, électroniques et électriques et les matériaux de construction qui peuvent nuire à la santé ou peuvent provoquer des accidents car n'étant pas conformes aux normes. Les opérateurs algériens seront de ce fait dans l'obligation de mettre sur l'étiquetage de leurs produits le label de qualité « Tedj », une abréviation de norme algérienne en arabe. Cette formule signifie que l'IANOR a accordé la certification à leurs produits après avoir, au préalable, effectué des expertises et des enquêtes qui font ressortir qu'ils sont conformes à la norme algérienne. Si cet organisme constate que ledit produit est dangereux et ne répond pas aux normes, l'IANOR en informera le public, et les autorités compétentes peuvent ainsi décider de le retirer du marché. Une telle mesure vise à protéger le consommateur et l'environnement, expliquera M. Aïssaoui. Ce dernier considère que cette loi vient à point nommé pour mettre fin à une situation anarchique en raison de l'existence d'un vide juridique en la matière. Selon le premier responsable de l'IANOR, l'entrée en vigueur de la loi relative à la normalisation devrait sonner le glas des opérateurs qui ne travaillent pas d'une manière professionnelle. « Si nos produits ne deviennent pas conformes aux normes, ils seront balayés d'un revers de la main avec l'ouverture du marché. Il n'y aura plus de différence entre les produits locaux et étrangers. Seul le critère de la qualité fera la différence », dira à ce propos le premier responsable de l'IANOR. Le public doit faire la différence entre la certification du management ou de gestion de l'entreprise et la certification des produits, signalera-t-il. Il révélera également que certains opérateurs algériens achètent leurs certifications auprès de certains organismes. Dans quelques mois, les producteurs algériens seront obligés de certifier leurs produits avec l'entrée en vigueur de la loi 04-04 relative à la normalisation. Les décrets d'application de ce texte réglementaire seront prêts d'ici à la fin l'année. Il ne peut en être autrement, car l'Algérie s'est engagée auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) afin de mettre à exécution cette procédure, selon le DG de l'IANOR, Mohamed Chaieb Aïssaoui, qui s'exprimait lors d'un point de presse, hier, à l'occasion de la Journée mondiale de la normalisation.