Le président Abdelaziz Bouteflika, qui se trouve à Addis-Abeba pour participer au huitième sommet de l'Union africaine (UA), a annoncé, hier, que l'Algérie est disponible pour assurer le transport aérien des forces de paix que l'UA compte déployer en Somalie. Le président de la Commission de l'UA, Alpha Konaré, a indiqué que « le président de l'Algérie nous a annoncé que son pays était prêt à mettre à la disposition de l'UA, dès aujourd'hui, cinq Iliouchine-76 et sept Hercules C-130 pour le transport des contingents rwandais et ougandais vers la Somalie ». Le président de la Commission de l'UA a affirmé que « l'Afrique ne peut pas toujours attendre de l'étranger qu'il finance nos opérations de paix », appelant les autres pays africains « à suivre l'exemple de l'Algérie » et contribuer à assurer la paix en Afrique par les moyens africains. M. Konaré a indiqué que la force de paix africaine en Somalie devra compter 8000 hommes, déplorant que seulement 4000 soient disponibles actuellement, essentiellement des soldats rwandais et ougandais. En outre, le sommet africain sera dominé par la guerre du Darfour qui connaît un enlisement et menace d'engouffrer le Tchad et la République centrafricaine. « Le Darfour nous interpelle », a déclaré M. Konaré. « Nous lançons un appel ardent à notre ami soudanais (...) : arrêtez vos attaques, arrêtez vos bombardements ! (...) La paix au Soudan, c'est la paix au Tchad, en République centrafricaine », a-t-il ajouté. En dépit de son rôle dans un conflit qui aurait fait quelque 200 000 morts et près de 2,5 millions de réfugiés, le régime soudanais n'a pas renoncé à briguer la présidence de l'organisation africaine, qui lui avait échappé en 2006. Selon plusieurs diplomates, le président soudanais, Omar Al Bachir, a peu de chances d'obtenir le poste. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui prend part au sommet de l'UA, devait rencontrer, hier, le président soudanais, qu'il doit convaincre d'accepter le déploiement d'une force « hybride » de près de 20 000 hommes au Darfour, en proie, selon lui, à « la pire catastrophe humanitaire du monde », malgré la présence de 7000 soldats de l'UA. Il s'agit de la première épreuve de force diplomatique du nouveau secrétaire général de l'ONU, qui a estimé que « la communauté internationale ne pouvait plus simplement ignorer la souffrance de millions de personnes ». « Je vais l'exhorter à mettre un terme à tous ces bombardements et à ces attaques contre les civils », a déclaré M. Ban à l'adresse du dirigeant soudanais, dans l'avion qui l'emmenait à Addis-Abeba. Le sommet devait aussi évoquer l'envoi possible de missions de maintien de la paix à la frontière entre le Soudan, le Tchad, et la République centrafricaine. Les chefs d'Etat africains devraient par ailleurs demander à l'ONU de prendre la relève, au bout de quelques mois, de la mission de paix africaine en Somalie. Si les troupes africaines ne se déploient pas rapidement en Somalie, « ce sera le chaos », a prévenu M. Konaré.